S'attaquer au marché informel c'est bien, mais barrer la route aux produits contrefaits, c'est encore mieux. C'est ce qui pourrait se faire si des laboratoires accrédités s'adonnent au contrôle du médicament et des produits alimentaires importés ou fabriqués localement. L'Expression: Comment arrivez-vous à mettre à profit les expériences européennes dans le domaine d'accréditation? Noureddine Boudissa: Il y a effectivement un programme de mise à niveau financé par l'infrastructure qualité de l'Union européenne. Il y a le Programme d'appui à la facilitation du commerce (Facico). Et il a été décidé de faire un état des lieux du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage (Cacqe) et de le mettre à niveau selon un référentiel précis. Les produits importés et ceux produits localement subiront des essais, conformément aux spécificités techniques. Le travail de Facico avec le Cacqe se déroule en plusieurs phases. Il y a d'abord le diagnostic confié à l'Organisme algérien d'accréditation (Algerac). Jeudi dernier, il y a eu une réunion de restitution du rapport. Il y aura ensuite le choix des experts internationaux pour réaliser l'accompagnement des quatre laboratoires principaux du Cacqe et les préparer à appliquer le référentiel 17025. Ce n'est qu'après cette étape, qu'Algerac va les accréditer. Les produits importés et produits localement subiront un contrôle des institutions de l'Etat avec le sceau de la République. Il y a aussi un autre travail avec les ministères de la Santé et de l'Industrie. On a recensé les laboratoires de toxicologie, le laboratoire de contrôle de produits pharmaceutiques, l'Agence nationale du sang et le laboratoire du groupe Saidal pour effectuer des diagnostics. Ces actions font partie du programme PME II pour les préparer à appliquer un référentiel et des normes internationales. Quel est l'état actuel d'application de ces programmes? Tous les accords ont été donnés. L'argent a été attribué. Les experts sont désignés. L'opération a démarré et tout ce travail aboutira en 2012. 45 organismes seront accrédités à cette date. Y a-t-il d'autres programmes européens? Nous avons aussi un projet de jumelage avec Afnor (spécialisé dans la normalisation et la certification, Ndlr) en France et dont le contrat sera signé au courant de ce mois et préparer les Accords pour l'évaluation de la conformité et l'acceptation. Cela permettra aux producteurs et aux institutions étrangers de contrôle qui s'installent en Algérie de fonctionner selon les normes internationales et d'être conformes aux normes de certification de produits ou autres de l'Union européenne. Nous sommes aussi en train de négocier avec la France pour reconduire un accord de partenariat bilatéral pour permettre à Algerac de se doter d'experts compétents pour mener ses actions. Nous avons aussi un programme avec la coopération allemande pour aider l'infrastructure qualité en Algérie de répondre aux besoins du marché national pour mieux réguler la circulation des marchandises. Cinq ans après la création, quelle évaluation faites-vous de cette action? Il y a des demandes d'accréditation émanant de toutes les institutions dans les domaines de la santé, des travaux publics, de la défense... Trois accréditations sont attendues pour cette année. Les firmes internationales travaillant dans le domaine de l'évaluation de la conformité ont aussi fait des demandes d'accréditation à Algerac. Il n'est plus possible que le marché algérien subisse des produits de contrefaçon, de malfaçon et de basse gamme que nous payons au prix du produit de meilleure qualité. C'est de cette façon qu'on peut protéger l'économie nationale et mettre fin à l'atteinte à la sécurité des personnes, de l'environnement et des installations. Pour cela, il faut que les institutions en charge de la qualité en Algérie soient développées. C'est dans cet objectif que depuis septembre 2010, tous les programmes cités sont lancés. Ils prendront fin dans un à trois ans selon la nature de chacun d'entre eux. Je suis assez optimiste pour dire que les résultats seront palpables et bénéfiques pour l'économie nationale. Toutes les institutions en charge de la qualité doivent être revues et adaptées sur l'aspect juridique et institutionnel pour pouvoir assumer leurs missions dévolues par les pouvoirs publics. Comment cela pourrait se traduire si l'on prend l'exemple du Cacqe? Le Cacqe, pour que ses inspecteurs puisent jouer pleinement leur rôle, a besoin de s'appuyer sur des laboratoires bien équipés, fonctionnant selon un référentiel reconnu afin que toutes ses interventions se déroulent dans les normes. Les procès contre les contrevenants s'appuieront sur des aspects techniques de fiabilité et de reconnaissance. D'autres clients se rapprochent-ils d'Algerac? Beaucoup de secteurs comme l'habitat et les ressources en eau demandent à ce que leurs laboratoires soient accrédités. Des séminaires, des journées d'information et d'autres actions sont aussi demandées pour qu'on vulgarise les normes internationales qu'ils ne maîtrisent pas encore. Algerac veut répondre à cette demande en disposant d'une ressource humaine qualifiée. Il y a aussi de la part d'Algerac quelques attentes des pouvoirs publics pour l'accompagner avec un minimum de conditions de travail afin de pouvoir mener sa mission à bon escient. Il faut aussi aider Algerac pour sa reconnaissance internationale. A quand l'obligation, pour les secteurs de l'alimentation et de la santé, de passer par l'accréditation? Nous avons préparé une mouture présentée au ministère de l'Industrie pour amender le décret de création d'Algerac et la réorganiser. Nous avons insisté pour que tous les organismes étrangers, exerçant en Algérie, soient accrédités par Algerac. Tous les organismes de contrôle de la conformité en Algérie, lorsqu'ils évoluent dans des domaines touchant à la santé humaine, à la sécurité et à l'environnement, les textes rendront obligatoire l'accréditation. C'est une manière d'être en conformité avec les engagements pris par l'Algérie avec l'UE, la Zone arabe de libre-échange et prochainement avec l'OMC. Lorsque les opérateurs souhaitent exporter, il est de tradition d'exiger d'eux la certification du produit, qui est un document par lequel on s'assure que celui-ci répond à des normes de sécurité du consommateur.