Un parti, ce ne sont pas quatre ou cinq personnes que ce cadre du FLN appelle d'ailleurs à un examen de conscience. Pour lui, c'est clair: personne n'arrêtera la roue du changement. L'Expression: Quelle lecture faites-vous des évolutions vécues actuellement au sein du FLN à l'occasion du renouvellement des structures? Abdelhamid Si Afif: La tenue du 9e congrès du parti en mars 2010, dont la préparation a été minutieuse sur le plan de l'ensemble des documents soumis aux congressistes et dont l'ensemble des cadres étaient impliqués dans leur élaboration, a connu un succès certain. Pour plusieurs saisons. Primo, il y a eu la participation record de 4500 militants. Secundo, 40 délégations étrangères y ont assisté, chose que le FLN n'a pas connu depuis longtemps, prouvant sa crédibilité sur le plan international. Pendant les trois jours du congrès, il y a eu un intéressement des militants tant au niveau des commissions que de la plénière. La parole fut donnée à qui la voulait et l'expression était libre. Le congrès s'est achevé avec des documents concernant son programme, son statut et son règlement intérieur. Les congressistes ont élu démocratiquement un comité central de 351 membres. On a constaté l'émergence d'une nouvelle génération de militants universitaires, le nombre de militantes a augmenté, comme nous avons constaté l'émergence de nos aînés car la mutation du parti s'est déroulée dans la continuité générationnelle et sans rupture. Conformément au statut et au règlement intérieur, le secrétaire général du parti a tenu une réunion du comité central. Il a, après une large consultation, proposé la liste du bureau politique aux membres du comité central à l'hôtel Riadh. Lors de l'adoption de cette liste, il n'y a eu aucune objection. Aucun membre du CC n'a contesté la composition du BP. Pourquoi plusieurs mois après, on commence à tenir ce discours? Pour quelle raison, selon vous? C'est peut-être dû à des ambitions personnelles légitimes. Mais le problème devait être soumis au CC. Est-ce que c'est aussi lié à l'opération de restructuration? Avant le 9e congrès, la restructuration a duré quatre ans, sans arriver à régler les problèmes. 9 mouhafadhas n'étaient pas structurées. L'opération actuelle a démarré en juin dernier et connaît une avancée considérable. En dépit de la période estivale et du Ramadhan, elle touche à sa fin. Pourquoi ne pas relever ce fait? En trois mois, on a restructuré l'ensemble des kasmas. Je ne dirais pas que le travail est parfait. Mais grâce à la mobilisation des membres du CC, l'opération a été réalisée dans un délai record. La direction politique a impliqué l'ensemble des membres du comité central comme superviseurs même ceux qui manquaient d'expérience. On aurait pu agir comme par le passé en impliquant une cinquantaine de personnes mais on a voulu que les nouveaux s'imprègnent de la vérité du terrain et poussent les jeunes à se former. Il y a plus de 20 mouhafadhas ayant achevé le renouvellement. J'ai supervisé celui de Guelma et Biskra. Il reste quatre communes à Boumerdès et une à Batna. Pendant quatre ans, il n'y a eu que des commissions provisoires. Les AG des autres communes se tiendront cette année. J'espère que cette opération se déroulera conformément aux engagements du secrétaire général et du bureau politique en dépit de la compétition à la veille des élections. Ceux qui n'ont pas d'ancrage à la kasma et à la mouhafadha font du bruit. C'est clair et on les connaît tous. La direction décide de revenir aux structures pour le choix des futurs candidats aux prochaines élections. On ne peut pas ignorer les militants de base dans le choix de leurs candidats et leur demander de faire campagne pour eux. On s'efforce de ne pas parachuter des candidatures. On peut se poser la question de savoir pourquoi il n'y a pas un enthousiasme pareil dans d'autres partis. Chez eux, il y a des désignations et non des élections. Chez nous, on privilégie la démocratie et c'est ce qui fait que notre parti est si différent de tous les autres. Le secrétaire général du parti estime que les remous constatés dans plusieurs wilayas sont un signe de vitalité du parti, partagez-vous ce point de vue? Je suis d'accord avec les déclarations du secrétaire général selon lesquelles le parti est en bonne santé. Si ce parti n'intéressait pas les gens, pourquoi se disputeraient-ils? Même s'il y a des petits problèmes, le parti est en train de se construire sur des bases solides et démocratiques. Ne pensez-vous pas plutôt que cette agitation est le signe de conflits entre les tendances conservatrices et progressistes au sein du parti? Il n'y a ni conflit entre tendances conservatrices et progressistes ni un conflit de générations. C'est un problème de positionnement. Nous devons emprunter les voies légales et transparentes pour y arriver. Le parti connaît une mutation qualitative et c'est pour cela qu'il y a une résistance au changement. Cette nouvelle vision dérange certains mais nous devons l'assumer. Les querelles prouvent qu'il y a des compétitions et c'est une preuve de pratiques démocratiques. Est-ce que vous estimez que le parti a des chances de figurer en bonne position lors des prochaines élections locales et législatives? Personnellement, je suis optimiste. Les dernières activités du FLN comme la rencontre avec les élus et les diverses rencontres avec les jeunes témoignent d'une dynamique que personne ne peut arrêter. Le FLN n'a plus de tutorat. Il y a une direction politique et un secrétaire général élus pour cinq ans et il a le droit de choisir ses collaborateurs. Ceux qui veulent s'exprimer n'ont qu'à le faire au sein du CC et s'ils ont la majorité c'est tant mieux, mais il ne faut pas se cacher derrière les journalistes. Les militants ne sont pas dupes. Un parti ce n'est pas quatre ou cinq personnes. Ils connaissent ceux qui ont profité des circonstances pour arriver à des postes de responsabilité. Chacun doit faire son bilan pour savoir ce qu'il a apporté au parti et vice versa.