Aujourd'hui, ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Le scrutin du 10 octobre a été certes tumultueux en Kabylie, mais force est de constater que la région est passée devant un chaos caractérisé. Devant cette situation toute particulière, beaucoup se sont abstenus d'aller voter, donnant à la sommation du mouvement des ârchs un faux-semblant de représentativité. L'autre appel à la limite «insurrectionnel», lancé par le mouvement est resté sans écho. Il n'y a pas eu «bain de sang». La région est toujours vivante, mais sous l'implicite de la grande interrogation: que reste-t-il aux ârchs? qu'adviendra-t-il du mouvement après ces élections qu'il a qualifiées de «scrutin de la honte»? Un délégué de la coordination de Bouzeguène reconnaîtra lui-même que «le mouvement est ambigu». La Cadc, contrairement à ce que pensent beaucoup, n'est pas un mouvement structuré et homogène. Les gens des ârchs parlent d'un mouvement horizontal, qui donne plus l'image d'un mouvement disparate où chaque coordination serait autonome. «Personne ne rend de compte à personne», nous dira le même délégué. Ce qui semblait être une mouvance citoyenne répondant à un souci de justice est tombé dans la monotonie du quotidien. Il reste une population en otage, la loi de la terreur et de l'intimidation qui poussent les commerçants à baisser rideau à chaque appel de la Cadc ou à chaque début d'émeute. Aujourd'hui, les ârchs ne sont plus ce qu'ils étaient. Le mouvement ne draine plus les foules si ce ne sont quelques adolescents dont l'âge ne dépasse pas la vingtaine. Nous sommes loin de la grande marche du 14 juin. Décidément, le mouvement perd en consistance. A Tizi Ouzou, ce sont eux qui paralysent la ville à coups de barricades et de pneus brûlés. Les autres subissent en désertant les rues. Jeudi dernier, la figure emblématique du mouvement, Belaïd Abrika, ne s'était entourée que d'une quinzaine d'adolescents dans son fief même, le quartier des Genêts, pour exprimer le rejet des élections. Ce n'est pas la rue kabyle qui a explosé, loin de là. Témoignage d'un ras-le-bol et d'une lassitude générale. Cependant, là où le scrutin a été validé, les élus devront compter avec une conjoncture instable. Un cadeau empoisonné qui leur ait offert. Selon des sources proches des ârchs, un conclave devrait se tenir très prochainement pour adopter la position à prendre à la suite de ce scrutin. Un rendez-vous qui devrait déboucher sur la mise en quarantaine de tous les élus, en demandant leur départ immédiat. Maintenant reste à savoir jusqu'où pourra aller un mouvement à la limite de l'effritement?