Pour colmater toutes les brèches, la ministre française de la Justice n'a pas cessé de souligner le caractère chaleureux des relations algéro-françaises. Le blocage de la proposition de loi criminalisant le colonialisme par l'APN soulage la France. «Je considère ça comme un geste de bonne volonté pour se tourner vers l'avenir», a estimé Michèle Alliot-Marie. La ministre d'Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés de la République française n'a pas caché son enthousiasme lors d'une conférence de presse animée à la fin de sa visite lundi dernier à Alger. Affichant un large sourire, Mme Alliot-Marie n'a pas hésité à exprimer sa satisfaction. «Nous avons un passé douloureux que nous devons prendre à bras-le-corps. Les politiques ne font pas de bons historiens», déclare-t-elle. Le plus important pour la ministre française n'est pas de s'attarder sur ce passé mais plutôt sur l'avenir. Au sujet de l'installation de la Fondation pour la mémoire prévue aujourd'hui, l'ex-ministre de la Défense n'a pas été du tout prolixe. «Je ne suis pas au courant», a-t-elle répondue brièvement en fermant la parenthèse. Cette justification est loin de tenir la route puisque l'annonce de l'installation de la Fondation pour la mémoire, prévue par la loi du 23 février 2005, a été vivement dénoncée par des historiens français. Pour colmater toutes les brèches, Michèle Alliot-Marie n'a pas cessé de souligner le caractère chaleureux des relations algéro-françaises. «Ce sont des relations anciennes et en permanence renouvelées, dont le caractère extraordinaire a été souligné par les présidents Bouteflika et Sarkozy», a-t-elle noté. Voulant mettre en exergue l'importance de ces relations, elle affirme qu'«elles ne connaissent pas d'équivalent dans le monde entier». Interrogée sur les turbulences qui ont marqué les relations entre les deux pays, la ministre de la Justice a expliqué que ces rapports ressemblent à ceux d'un couple où parfois il y a des tensions. Tout en rappelant que les deux pays sont liés par des relations de «proximité et de confiance», la ministre reconnaît toutefois qu'«il peut y avoir des tensions, mais il faut relativiser ces tensions qui n'ont, à aucun moment, empêché les relations entre nos deux pays de se renforcer». «J'ai toujours ressenti chez le Président Bouteflika, à chaque fois que je l'ai rencontré, cette volonté de se tourner vers l'avenir, car, aujourd'hui, les défis que nous avons en commun nous imposent d'être ensemble et de façon déterminée pour relever les défis», a-t-elle ajouté. L'envoyée du gouvernement Fillon a qualifié de moment fort la visite du Président Bouteflika à Nice en juin dernier à l'occasion du sommet France-Afrique. Elle a exprimé, dans ce sens, la volonté de son pays d'oeuvrer à l'évolution de ces relations. «L'Algérie et la France ont des points et des analyses communes et peuvent jouer, en étant étroitement liées, un rôle important au bénéfice d'autres pays du pourtour méditerranéen», a-t-elle dit. Au sujet de la coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste, elle a rappelé que cette coopération «existe depuis longtemps et qu'elle se développe entre les services de sécurité des deux pays pour mieux cerner ce phénomène transfrontalier». «L'Algérie, de par sa position géographique, a un grand rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme», a-t-elle poursuivi. Mme Alliot-Marie qui s'est entretenu hier avec son homologue Tayeb Belaïz a fait savoir que de nouvelles pistes de coopération sont envisagées entre l'Algérie et la France dans le domaine de la justice. La ministre a émis le souhait «qu'il puisse y avoir des détachements de longue durée de magistrats algériens en France et de magistrats français en Algérie». La ministre a plaidé, au sujet des problèmes relatifs à la garde d'enfants issus de couples mixtes, pour davantage de coopération entre les deux parties afin de «faire prévaloir l'intérêt de l'enfant». Interpellée sur le refus de la justice française d'accorder la liberté conditionnelle au chanteur algérien cheb Mami, Mme Alliot-Marie a fait remarquer que ce refus relève d'une question de «procédure et de justification et non pas de fond».