L'assemblée devant permettre le renouvellement de la kasma a été annulée et renvoyée à une date ultérieure. Après les batailles rangées à Bir Ghbalou et Raouraoua à l'extrême ouest du chef-lieu de la wilaya, c'est au tour de la kasma de Dirah, au sud de Bouira, de faire parler d'elle. Devant l'impossibilité de procéder au renouvellement de la composante humaine de cette kasma sur le territoire de la commune, les responsables ont déplacé les militants par bus jusqu'à Bouira-ville. En vain. Devant la détermination des uns et des autres à «placer leurs pions» les leurs, la réunion a été annulée à la dernière minute par crainte de débordements dangereux. Sur place, nous apprendrons que le maire de la localité, appartenant politiquement à un parti rival, aurait délégué «ses hommes» pour participer et barrer la route à ses éventuels concurrents aux prochaines échéances électorales de 2012. Le renouvellement des structures de base du plus vieux parti s'inscrit dans les premières phases préparatoires de ces élections prévues dans deux années, mais il obéit aussi à des directives du secrétaire général du parti qui voudrait apporter un sang neuf à la première formation politique du pays. L'enjeu étant important, la mainmise sur les structures qui élaboreront les listes des candidats est alors devenue une priorité pour des groupes souvent établis sur des critères de régionalisme, d'affinités personnelles et d'intérêts partagés. Dans la matinée d'hier, l'opération a débuté à Aïn Bessem par une bataille entre partisans de deux parties menées respectivement par le maire et un élu APW de cette circonscription. Les choses seront rétablies et l'assemblée est allée à son terme. La kasma de Bouira, qui devait être renouvelée hier au niveau de la salle Erich, n'a pas dérogé à ce qui semble être une règle dans les rangs du FLN. Le clan proche de l'actuel responsable de la kasma aurait essayé de jouer sur la composante de la liste des participants. «Au départ, on nous a parlé de 199 membres puis de 235 pour nous annoncer aujourd'hui plus de 300 votants», dira l'un des plus anciens adhérents à Bouira. Après les formalités d'usage prononcées par l'observateur Mustapha Boudjemnil, qui invitera l'assistance à choisir les membres au vote à main levée, un militant est monté sur la scène pour accuser les organisateurs de vouloir cautionner un trafic. C'était l'étincelle. La salle s'est remplie de jeunes qui ont rejeté l'assemblée pour exiger d'abord une réunion organique, l'apurement des listes et l'exclusion pure et simple de la composante actuelle de la kasma. Après des palabres et un échange d'«amabilités», les doléances sont imposées et l'assemblée annulée et renvoyée à une date ultérieure. «La kasma doit être un lieu de réflexion et d'échange entre les militants et non une antichambre aux coups bas, à la magouille et aux intérêts bas...», commentera un participant. Précisons que la direction de la kasma de Bouira a, de tout temps, courbé l'échine pour s'aligner sur les positions du premier responsable local de la formation, lequel mouhafedh a, par le passé, été chef de campagne du candidat Benflis avant de revenir à de meilleurs sentiments et intégrer le clan des redresseurs. «Devant l'inertie de cette structure, des jeunes ont adhéré pour éjecter les bras cassés et les baise-main qui n'ont jamais défendu les intérêts de la jeunesse de cette ville», déclare un militant. Un dispositif sécuritaire composé de jeunes a été placé dans la salle Erich, lieu de la rencontre, pour parer à toute éventualité. «Depuis des lustres, on nous annonce le passage du flambeau, aujourd'hui nous le prendrons» souligne un participant. La guéguerre qui oppose le député, homme fort de Lakhdaria, Kara Med Seghir, au mouhafedh, maire de Aïn Bessem, Nouri, n'en est qu'à ses débuts. Les plans machiavéliques élaborés par les uns et les autres risquent de tomber en désuétude parce que la majorité des participants sont des jeunes décidés à faire entendre leurs voix et à choisir les meilleurs représentants pour les prochains mandats.