Le porte-parole du parti a fait savoir que des rapports seront élaborés par les superviseurs sur ces incidents et des sanctions ne sont pas exclues. La direction du FLN garde son sang-froid. Celle-ci est loin d'être alarmée par les incidents enregistrés au niveau de certaines wilayas pour le renouvellement des structures de base. «Nous regrettons ce genre de comportements», a déploré le porte-parole du parti, Kassa Aïssi. Joint hier par téléphone, ce membre du bureau politique refuse de parler de crise. «Il y a eu des dysfonctionnements organiques et nous allons trouver les solutions», a-t-il expliqué. Cette sérénité inquiète les observateurs et le silence du secrétaire général M.Belkahdem ne rassure pas les militants du vieux parti. On a beau minimiser les luttes internes, mais les incidents qui ont lieu ces dernières semaines sont trop graves pour être étouffés. Préférant laver leur linge sale en public, les cadres de ce parti se livrent à des batailles rangées qui n'augurent rien de bon. Ça tiraille dans tous les sens au moment où il fallait plutôt resserrer les rangs pour les futures échéances électorales qui s'annoncent déjà rudes. Pis encore, c'est ce parti qui se propose de concrétiser, sur le terrain, le programme quinquennal 2010-2014 pour lequel le chef de l'Etat a alloué une enveloppe financière de 286 milliards de dollars! Avec cet état de «déliquescence interne» il y a de quoi douter des intentions du FLN par rapport au programme quinquennal. Le porte-parole du parti a fait savoir que des rapports seront élaborés par les superviseurs sur ces incidents et des sanctions ne sont pas exclues. Tout en rappelant que le nombre des kasmas du parti est de 1596 cellules, notre interlocuteur assure que la situation n'est pas vraiment critique. L'opération s'est parfaitement déroulée dans plusieurs wilayas du pays. Un autre responsable au niveau de la direction a rejeté la thèse de crise. «Il n'y a pas le feu en la demeure», a estimé Amar Frikha. Pour lui, ce qui se passe est tout à fait normal pour un grand parti comme le FLN. A la question de savoir si l'opération serait achevée dans les délais prévus, le porte-parole reste optimiste. «L'opération sera clôturée à 95%», a-t-il affirmé. Une réunion du bureau politique se tiendra le 21 du mois en cours pour faire un bilan préliminaire. Pour renouveler ses structures, le FLN a mobilisé toute son artillerie. Sur 351 membres du comité central, pas moins de 300 ont été dépêchés sur le terrain pour chapeauter l'opération. Or, cette mobilisation n'a pas empêché la survenue des dérapages. Même si l'opération a avancé au niveau de certaines wilayas, dans d'autres le processus est bloqué. De graves affrontements ont eu lieu à travers plusieurs wilayas et la liste ne cesse de s'allonger. Après El Oued, Bouira, Tiaret, Djelfa, Annaba et Oran, l'opération connaît des difficultés même à Boumerdès. Des heurts ont été signalés lors de l'élection des assemblées générales, ce qui a poussé le superviseur à reporter l'opération. A Oran comme à Annaba, les mouhafadhas sont assiégées. Les militants contestent la politique d'exclusion prônée par les secrétaires généraux dans le renouvellement des structures de base. La situation au niveau de la mouhafadha d'Oran s'annonce critique. Le bras de fer opposant les militants à l'actuel mouhafedh se durcit. Idem pour la direction de Annaba. Samedi dernier, une centaine de personnes munies d'armes blanches ont obligé les membres de la direction ainsi que le mouhafedh Zitouni à quitter les lieux sous la menace. Des élus ont même participé à ce «coup d'Etat». Les protestataires réclament le départ du député Zitouni, qui serait à l'origine, selon eux, de tous les problèmes que vit le vieux parti à Annaba. Ayant pris acte de la tenue de l'assemblée pour le renouvellement des kasmas, les protestataires ont profité de l'occasion pour bloquer le mouhafedh Zitouni. Sachant parfaitement que les chances pour les législatives de 2012 seront garanties par la base, chacun veut sa place dans la kasma. La course à la députation a déjà commencé pour les militants du vieux parti et la bataille fait rage...
