Le chef de file du vieux parti a annoncé la tenue du conseil national, de deux autres sessions de l'instance exécutive et d'un congrès extraordinaire dédié aux questions organiques et au 3e mandat de Bouteflika. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, n'y est pas allé de main morte pour répondre à ses détracteurs et rassurer la base militante que son parti “va bien”, et qu'il n'existe absolument aucune crise. Hier, en marge de la 2e session de l'instance exécutive du parti tenue à l'hôtel Le Mouflon d'Or de Ben Aknoun, le patron du FLN a été on ne peut plus clair : “Je sais que les mesures que j'ai prises à la tête du gouvernement sont qualifiées de populistes. Je sais aussi que les rumeurs persistent sur mon départ, comme si rien ne va plus. Je vais être direct. Je suis le Chef du gouvernement et je reste. Je ne pars pas. Moi aussi, j'ai des choses à dire ! Mais concernant un éventuel remaniement, il se pourrait qu'il y ait un changement partiel, mais cela dépend du seul président de la République.” La lettre de Bouhara, la démission de Bounekraf et la commission Hadjar Serein, Belkhadem a affirmé avoir lu la lettre de Bouhara dans les colonnes de la presse nationale. Bouhara qui s'est déjà exprimé sur la nécessité d'aller vers un congrès extraordinaire du parti et la tenue d'un débat a, en effet, adressé une missive à son SG, laquelle missive a été largement diffusée par les journaux. Ce qui ne semble pas être du goût de Belkhadem qui passe l'éponge dessus. Hier, à l'ouverture des travaux, Bouhara a insisté à ce que la tenue d'un conseil national soit inscrite à l'ordre du jour. Idem pour le cas de Abdelkader Bounekraf. “Vous savez, c'est devenu une mode. Celui qui veut démissionner passe par les journaux. S'il veut quitter le parti, nous respecterons sa décision. On peut conduire un cheval vers un abreuvoir, mais on ne peut pas l'obliger à boire !” dira encore Belkhadem, visiblement contrarié par cette défection. Par ailleurs, il a abordé la commission d'enquête relative à la fuite des documents du parti et diffusés par les journaux. “La commission d'enquête a rendu ses conclusions et délibéré devant les instances suprêmes du parti. Le reste est une affaire interne au FLN, et on saura plus à l'avenir.” Vers une purge générale des opportunistes “Ceux qui dansent sur une corde raide n'ont pas de place dans notre parti. Depuis trois ans, tous les rapports et tous les recours adressés au parti évoquent des situations individuelles. Qui part et qui reste ? Pourquoi, c'est lui le candidat et pas l'autre ? Moi je dirai ceci : à aucun moment ces gens-là ont fait état de la situation du parti pour participer au débat. Ils sont derrière les résultats que nous avons obtenus dans certaines localités. Ils ont rejoint les rangs des autres partis pour un rien. Or, la discipline et l'éthique politique voudraient que les intérêts du parti passent avant ceux des individus. Ce sont les mêmes qui s'agitent à chaque rendez-vous et ils le font pas opportunisme.” Menaçant, le patron du FLN n'écarte pas d'opérer, dans les tout prochains jours, une purge générale et d'assainir la base militante. À commencer par ceux qui arguaient que le recul du FLN dans les précédentes élections (législatives et locales) est dû au taux d'abstention caractérisé. Mieux, Belkhadem a désigné les auteurs des déclarations dans les colonnes de la presse qui faisaient état de la “colère au FLN”, de “la contestation” et de “l'exclusion”. “Vous les avez vus au siège du parti. Ils étaient à peine 100 personnes, les journalistes inclus”, a encore renchéri Belkhadem qui estime “qu'il est temps de mettre de l'ordre dans la maison”. À commencer par les assemblées générales des 10 mouhafadhate restantes et qui ne sont pas structurées, tout en annonçant que les 44 autres instances ont été complètement assainies. Sur le même chapitre, Belkhadem a annoncé la tenue prochaine d'un conseil national et de deux autres sessions de l'instance exécutive du parti. En ce sens, une rencontre a été tenue, hier, entre les mouhafadhs et les chefs de kasma pour marquer une halte et faire le point sur les retards et les avancées enregistrées. Cela étant, il a annoncé la tenue d'un congrès extraordinaire et qui sera consacré aux questions organiques et au troisième mandat du président Bouteflika. “La révision de la Constitution urge” “Nous avons demandé au président Bouteflika de ne pas retarder la révision de la Constitution. C'est à partir de là que nous allons prendre position quant à la manière de soutenir sa candidature pour un troisième mandat en 2009. Nous serons dans une semaine en 2008, du coup nous estimons au FLN que cette révision urge”, a déclaré le SG du vieux parti. À la question de savoir si ses partenaires de l'Alliance présidentielle (RND et MSP, ndlr) ne seraient pas “fâchés” de la démarcation du FLN quant au soutien exclusif de Bouteflika pour un 3e mandat, Belkhadem dira ironiquement : “C'est normal et légitime. Ils ne veulent pas être à la traîne du FLN. Là aussi, j'ai des choses à dire…” Cela va sans dire que, selon lui, “le troisième mandat de Bouteflika est largement revendiqué et soutenu par la rue. Pas loin que tout à l'heure, trois associations m'ont transmis des communiqués pour inscrire cette question à l'ordre du jour de l'instance exécutive. La chose est claire au FLN. Reste à Bouteflika de décider d'accélérer la procédure de révision de la loi fondamentale. De toute façon, nous allons rendre publique une déclaration politique.” Le pouvoir d'achat et les promesses de Belkhadem Estimant que son parti s'est consacré à la gestion des dossiers lourds, comme la rentrée sociale, les salaires impayés, la loi de finances de 2008 et les prévisions économiques, Belkhadem s'est dit satisfait des résultats enregistrés par le FLN lors des dernières joutes électorales, non sans tirer à boulets rouges sur “ceux qui prédisaient une rentrée sociale explosive”. “Nous avons, a-t-il dit, répondu par le travail ! Ces prévisions pessimistes n'ont plus de place au FLN” non sans reconnaître que “le pouvoir d'achat des citoyens a sensiblement chuté”. Et de conclure : “Nous allons consacrer des cycles de formation pour nos élus à tous les niveaux pour apporter des solutions urgentes et concrètes aux attentes des citoyens. La loi de finances de 2008 a consacré des budgets conséquents pour le développement que nous allons défendre dans toutes les assemblées élues. Et nous allons procéder à des évaluations annuelles de la gestion des biens et des richesses.” FARID BELGACEM