La frontière algéro-marocaine est le deuxième axe de trafic de drogue après le Sahel. Le Sahel est devenu un lieu de passage des drogues dures comme la cocaïne et l'héroïne. Les narcotrafiquants «coopèrent» avec Al Qaîda dans la région du Sahel, où ont atterri des avions en provenance d'Amérique latine, a affirmé hier sur les ondes de la Radio nationale, Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. «Nous savons que des avions ont atterri au Mali et en Mauritanie plusieurs fois en transportant, à chaque voyage, jusqu'à 4 tonnes de cocaïne. En 2009, plus de 200 quintaux de cette drogue ont transité par ces deux pays», a affirmé l'intervenant qui a précisé que 2400 quintaux de cocaïne provenant du Brésil, du Pérou et de Colombie, sont passés par le continent africain en 2008, dont «une grande partie est passée par le couloir du Sahel». Ainsi, «la connexion entre narcotrafiquants et terrorisme est avérée dans la région du Sahel. Cela a été confirmé par les services de sécurité de ces pays», a-t-il appuyé. A ce sujet, Abdelmalek Sayeh s'est dit inquiet du fait que désormais «le trafic de drogue menace la société algérienne». «L'Algérie qui était un pays de transit est devenu un pays de consommation», a-t-il souligné d'autant que le nombre de consommateurs en 2009 oscille entre 250.000 et 300.000. Interpellé sur la quantité de drogue saisie, il annoncera qu'en 2009, 520 quintaux de drogue sur un total de 740 quintaux ont été saisis dans la seuls région du Sud alors que seules une quarantaine d'hectares produisent du pavot ou du cannabis en Algérie. Cette quantité était destinée aux pays du Sahel. M.Sayah a rappelé que des affrontements ont éclaté entre les services de sécurité algériens et les narcotrafiquants dans cette région. «Il y a eu plusieurs accrochages armés entre GGF et narcotrafiquants en raison de ces opérations», a-t-il souligné. «Cette année il y a eu 11 gendarmes qui ont été tués dans un accrochage. L'année dernière, deux gendarmes ont trouvé la mort. Deux autres gendarmes et deux douaniers ont été blessés», a rappelé Abdelmalek Sayah. L'autre axe de transit, selon l'intervenant, est la frontière algéro-marocaine. «Je ne suis pas habilité à dire qu'ouvrir cette frontière va poser problème. Je ne suis ni contre ni pour, mais toutefois, je peux dire que l'ouverture aggravera davantage le trafic, cela impliquera l'engagement de moyens supplémentaires pour le contrôle des personnes qui vont transiter par les frontières», a-t-il souligné. D'autant que l'axe de l'Ouest pose un véritable problème et devient «un fardeau pour l'Algérie», a-t-il ajouté. C'est pourquoi il estime que pour juguler ce phénomène au niveau de nos frontières, il faudrait «accorder beaucoup d'attention et ne jamais baisser la garde». Se référant aux critères de l'ONU, Abdelmalek Sayah a estimé que les quantités saisies de drogue en Algérie ne reflètent que 10 à 15% de ce qui existe réellement sur le marché national. Les grandes quantités saisies se font au niveau de Béchar et de Tindouf, a-t-il précisé. Quant au nombre de dealers arrêtés, Abdelmalek Sayah a affirmé qu'il ne cesse d'augmenter. «5000 ont été recensés en 2009. 200 étrangers sont impliqués dans ce trafic de drogue, notamment des ressortissants du Nigeria, du Mali, du Cameroun, de la Guinée mais aussi du Maroc et de la Tunisie. En gros, c'est la filière africaine qui pose problème à l'Algérie», a-t-il encore précisé.