Menace n Outre l'axe du Sahel, qui est devenu le couloir de la cocaïne, la frontière algéro-marocaine est le deuxième axe de trafic de drogue. «Je ne suis pas habilité à dire qu'ouvrir cette frontière va poser problème. Je ne suis ni contre ni pour, mais toutefois je peux dire que l'ouverture aggravera davantage le trafic, cela impliquera l'engagement de moyens supplémentaires pour le contrôle des personnes qui vont transiter par les frontières», a déclaré, ce matin, Abdelmalek Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Selon M. Sayeh, l'axe de l'Ouest pose un véritable problème et devient «un fardeau pour l'Algérie». C'est pourquoi il estime que pour juguler ce phénomène au niveau de nos frontières, il faudrait «accorder beaucoup d'attention et ne jamais baisser la garde». Il a affirmé que la menace réelle provient du Sud car il y a «un trafic monstre qui se fait notamment en matière de cocaïne». «Il y a des avions qui ont atterri au Mali et en Mauritanie transportant des cargaisons de 2 à 4 tonnes. L'année passée il y a eu plus de 20 tonnes de drogue qui ont transité par la Mauritanie et le Mali. En 2008, il y a eu 240 tonnes qui ont transité par le continent africain. Cet axe du Sahel menace aujourd'hui notre pays», a-t-il insisté. Selon lui, une grande partie de cette quantité est passée par le couloir du Sahel. M. Sayeh, qui intervenait sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, a affirmé que le flux de trafic de cocaïne, en provenance du Brésil, du Pérou et de la Colombie, alimente les noyaux d'Al-Qaîda dans la région. «La connexion entre narcotrafiquants et terrorisme est avérée dans la région du Sahel. Cela a été confirmé avec les services de sécurité de ces pays», a-t-il souligné. M. Sayeh a rappelé que des affrontements ont éclaté entre les services de sécurité algériens et les narcotrafiquants dans cette région. «Cette année il y a eu 11 gendarmes qui ont été tués dans un accrochage. L'année dernière, deux gendarmes ont trouvé la mort. Deux autres gendarmes et deux douaniers ont été blessés. L'Algérie a tout fait pour anéantir ce fléau. L'année passée, 52 tonnes de drogue, apparemment destinées aux pays du Sahel, ont été saisies», a-t-il précisé. Sur un autre plan, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a indiqué que la drogue menace réellement notre société. «Notre pays était un pays de transit mais maintenant nous sommes un pays de consommation. On enregistre une forte consommation par nos jeunes», a-t-il noté. Pour la prise en charge des toxicomanes dont le nombre dépasse 200 000, l'invité de la radio nationale a annoncé que 500 milliards de centimes ont été débloqués, notamment pour la réalisation de centre de soins et de désintoxication. «Sur 53 centres de soins intermédiaires prévus, 11 sont déjà réalisés et seront opérationnels incessamment. Il reste 20 centres qui seront achevés d'ici peu. Des centres spécialisés seront également opérationnels dans deux ou trois mois.» 40 hectares de parcelles «40 hectares de parcelles sont éparpillées sur le territoire national. Ce chiffre ne représente pas un danger imminent. Nous ne sommes pas considérés comme un pays de culture par les Nations unies. 40 hectares ne représentent rien par rapport à un million d'hectares cultivés en Colombie, 600 hectares en Afghanistan, 100 000 au Maroc. Le cannabis est cultivé beaucoup plus dans la wilaya de Béchar. Le pavot est cultivé dans la wilaya d'Adrar», a-t-il indiqué. 200 étrangers impliqués M. Sayeh a indiqué que le nombre de dealers ne cesse d'augmenter, 5 000 ont été recensés en 2009. «200 étrangers sont impliqués dans ce trafic de drogue. Ce sont beaucoup plus des ressortissants du Nigeria, du Mali, du Cameroun, de la Guinée mais aussi du Maroc et de la Tunisie. En gros c'est la filière africaine qui pose problème à l'Algérie», a-t-il précisé. 22 tonnes de cannabis saisies «La quantité de cannabis saisie cette année est inférieure à celle de l'année dernière, elle est passée de 76 tonnes en 2009 à 22 tonnes cette année, selon M. Sayeh qui explique que les quantités saisies ne peuvent constituer une référence pour évaluer les quantités écoulées. Si on prend 20 tonnes cela veut dire que 200 tonnes ont transité par le pays.»