Ce genre de greffe coûte 800 millions de centimes et c'est l'Etat qui paie l'intégralité, pas le malade. Comme la greffe rénale, la transplantation hépatique est en deçà des besoins. L'Algérie enregistre un manque criant de 91% par rapport à la demande globale qui ne cesse d'augmenter. Ce triste constat a été confirmé par le Dr Benhadid du service CCA de l'hôpital Mustapha-Pacha et trésorier adjoint de la Société algérienne de la chirurgie (SAC). «On a besoin d'environ cents greffes par an, mais on n'en est qu'à neuf», a-t-il affirmé en marge du 18e Congrès national de chirurgie tenu hier à l'hôtel Hilton en présence de plusieurs experts de différents pays. La première transplantation hépatique a été réalisée en 2003 à l'hôpital Mustapha-Pacha. Son coût est de 800 millions de centimes. Exorbitant! Cependant, rassure notre interlocuteur, «c'est l'Etat qui couvre ces frais, pas le malade». Cette thérapeutique récente pose problème. En l'espace de sept ans, 33 malades ont bénéficié d'une greffe de foie de donneurs vivants. Aucune opération sur un donneur cadavérique n'a eu lieu. «Il faut persuader les citoyens d'accepter ce don d'organes. Un cadavre peut faire vivre plusieurs personnes», souligne le Dr Benhadid. La population doit être sensibilisée. Et cela n'est possible que par la multiplication de rencontres permettant de se rapprocher de plus en plus de la population. Inspiré, semble-t-il du proverbe selon lequel «à quelque chose malheur est bon», notre vis-à-vis espère récupérer les organes des victimes de la route. L'Algérie en compte plus de 4000 chaque année. «On peut effectuer au minimum 1000 prélèvements», enchaîne-t-il. La transplantation hépatique, faut-il le préciser, se fait de la même manière que pour la chirurgie du cancer du foie. «Chose qui n'est plus possible aujourd'hui au sein du service oncologie, où l'on a opéré 50 cancers du foie par an même au stade métastatique», avait déjà expliqué le Pr Abdelaziz Graba, spécialiste en chirurgie oncologique au CHU Mustapha-Bacha et président de la Société algérienne de chirurgie. Et d'exhorter les pouvoirs publics à dégager un budget spécial pour ce programme à l'instar des autres programmes de greffes d'organes, notamment le rein. Rencontré hier, il déclare à L'Expression que des chirurgiens des quatre coins du pays doivent débattre des thèmes d'actualité tels que le goître, la greffe rénale et la transplantation hépatique. S'agissant du goitre, une autre affection qui atteint plus de 800 millions de personnes dans le monde, le Dr Benhadid indique que la Kabylie est la région la plus touchée. En effet, les cabinets de spécialistes ne se désemplissent pas. Le déficit en iode en est la raison principale de cette maladie qui commence à inquiéter. Qu'ils s'agisse d'un goitre simple ou d'une hyperthyroïdie, les médecins tirent la sonnette d'alarme. Dans un autre registre, le trésorier adjoint de la SAC a répondu à notre question inhérente à l'erreur médicale. Que faut-il faire pour y remédier? «Le risque zéro n'existe pas. Il faut s'atteler à améliorer la qualité de la formation pour diminuer le nombre d'erreurs. Par ailleurs, il faut donner aux médecins et chirurgiens les moyens nécessaires», poursuit le spécialiste.