Quelques centaines de jeunes proches de M.Bédié ont brûlé des pneus et élevé des barricades à Abidjan pour protester contre l'élimination de leur champion, Henri Konan Bédié arrivé 3e du premier tour avec 25,2% des voix. La Côte d'Ivoire désignera son président lors d'un second tour potentiellement explosif entre le sortant, Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre, Alassane Ouattara, mais les partisans de l'ancien chef d'Etat, Henri Konan Bédié ne s'avouaient pas vaincus jeudi. Quelques centaines de jeunes proches de M.Bédié ont brûlé des pneus et élevé des barricades à Abidjan pour protester contre l'élimination de leur champion, arrivé 3e du premier tour avec 25,2% des voix, derrière les deux finalistes du second tour, MM.Gbagbo (38,3%) et Ouattara (32,1%). Les manifestants n'étaient plus en fin de journée que quelques dizaines mais continuaient de bloquer la circulation, sans confrontation avec la police. Au-delà, la vie a repris son cours dans la capitale économique après la tension des derniers jours, où par crainte de violences, de nombreux Ivoiriens avaient préféré rester chez eux. «Duel de titans», «duel à mort», «chaude empoignade en perspective»: après la publication dans la nuit des résultats du premier tour, les quotidiens évoquaient avec force le «choc» à venir de ce scrutin historique, censé clore une décennie de crise politico-militaire. L'affiche du second tour entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara est en effet inédite et symbolique. Candidat pour la première fois en 2010, l'ancien chef du gouvernement avait été exclu pour «nationalité douteuse» de l'élection de 2000, remportée dans des conditions controversées par M.Gbagbo, resté depuis lors aux commandes malgré la fin de son mandat en 2005. En dépit d'une brève alliance tactique en 1995 face au président d'alors, Henri Konan Bédié, défait dimanche, les deux hommes s'affrontent férocement depuis des années. Pour le camp présidentiel, l'ex-Premier ministre est le parrain de la rébellion qui en 2002 a tenté un coup d'Etat contre M.Gbagbo et tient le nord du pays depuis huit ans. Les partisans de M.Ouattara réfutent l'accusation et reprochent à leurs adversaires de relayer les suspicions anciennes sur sa nationalité. «Pour la première fois, la division du pays entre le nord et le sud se trouve authentifiée dans les urnes avec le duel entre le +dioula+ (ethnie principale du nord majoritairement musulman, ndlr) Ouattara et le sudiste Gbagbo», chrétien et issu de l'ethnie bété (ouest), souligne un expert. Tous les regards se tournent désormais vers le grand perdant du scrutin, M.Bédié. Le patron du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) n'a pu retrouver le fauteuil dont il fut chassé en 1999 par un coup d'Etat. Fort de son alliance avec M.Bédié au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), M.Ouattara espère récupérer une bonne partie de ses voix. Mais, convient un haut dirigeant du PDCI, le report ne sera pas «automatique», en raison des «séquelles» des affrontements entre les deux camps, à couteaux tirés pendant des années. Selon lui, les amis de M.Gbagbo ont déjà approché des cadres du PDCI. «Aller vers Bédié n'est pas un tabou», fait valoir un proche du chef de l'Etat, tout en assurant que les «démarches» n'ont pas commencé. Mais le PDCI a refusé, mercredi soir, de tourner la page du premier tour. Il a évoqué une «volonté manifeste de tripatouillage» et exigé «le recomptage des bulletins de vote». La France a invité les acteurs ivoiriens à «continuer d'agir dans (un) esprit de responsabilité et de sérénité». Le représentant de l'ONU dans le pays, Choi Youn-jin, a souligné qu'il existait des moyens de recours légaux avant la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. Le second tour doit être organisé 15 jours après cette proclamation, soit fin novembre.