«Le président sortant n'entend pas aller au second tout ». Les Ivoiriens qui ont sombré dans une crise politico-militaire le 25 décembre 1999 après un coup d'Etat aggravée le 18 septembre 2002 par un putsch manqué de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) contre le président Laurent Gbagbo éliront aujourd'hui un Président de la république. Reporté six fois à cause de la définition du corps électoral - qui est ivoirien et qui ne l'est pas - ce scrutin qui devait se tenir en 2005, réussira-t-il à réunifier le pays et freiner la paupérisation du peuple : le taux de pauvreté qui était de 10% en 1985 est passé à 48,9% en 2008 » selon le Pnud ?Quatorze candidats dont, le président sortant Laurent Gbagbo ; l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara qui avait été exclu du précédent scrutin en 2000 en raison des doutes sur son « ivoirité » sont en lice pour recueillir les suffrages des 5 725 720 électeurs inscrits. Ils ont, chacun, des revanches à prendre. Opposant devenu chef de l'Etat en 2000, Gbagbo, 65 ans, espère laver l'affront que fut pour lui la rébellion de 2002, qui s'empara du nord. Cramponné au pouvoir malgré la fin de son mandat en 2005, il est en quête de légitimité. Bédié, 76 ans, qui succéda à Houphouët-Boigny, le Père de la nation, veut effacer le jour où des soldats mués en putschistes l'ont chassé du pouvoir. Ouattara, 68 ans, veut réparer deux « injustices » : son exclusion de la présidentielle en 2000 et l'image de parrain de la rébellion de 2002. Comme pour ajouter de la confusion à une situation politique qui n'est pas claire, les « trois » revendiquent l'héritage du Père de la nation. Bédié se réclame d'un «libéralisme à visage humain». Ouattara se définit comme un «libéral soucieux de justice sociale». Même Gbagbo se réclame du « Vieux ». Outre cet héritage problématique, le comptage se fera deux fois. Manuellement dans les bureaux de vote et électroniquement à Abidjan : les urnes seront remises par les 7000 soldats de la force de maintien de la paix de l'Onu à la commission électorale ivoirienne qui s'est engagée à communiquer dans trois jours les résultats qui….pourraient entraîner des violences comme lors des deux derniers scrutins présidentiels. La communauté internationale presse les candidats d'accepter la sanction des urnes et éventuellement un deuxième tour d'ici fin novembre si aucun, comme l'indiquent les sondages, n'est élu dès ce premier tour. Les derniers sondages créditent Gbagbo de 46% d'intentions de vote, Bédié de 26% et Ouattara de 24%. Le président sortant n'entend pas aller au second tout. Il est sûr de l'emporter dès ce soir. «Il faut aller à l'élection pour s'attaquer ensuite, avec une légitimité renouvelée, aux vrais problèmes de la nation» dit-il dans un entretien à Jeune Afrique.