Deux colis piégés postés à Athènes, adressés à la chancelière allemande Angela Merkel et au chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, ont été convoyés sans contrôle. Des experts en sécurité aérienne européens et américains étaient réunis hier à Bruxelles pour identifier les failles du contrôle du fret et de la poste par avion dans l'UE à la suite des tentatives d'attentat émanant de Grèce et du Yémen. «Aucune décision n'est attendue» à l'issue de cette réunion organisée par la Commission européenne et la présidence belge de l'Union européenne, a précisé une source européenne et il n'est pas certain que le résultat de leurs travaux soit communiqué. Mais ils feront des recommandations qui seront soumises aux ministres de l'Intérieur appelés, eux, à se réunir lundi, ainsi qu'à leurs collègues des Transports qui se retrouveront ultérieurement. L'urgence a dicté l'organisation de cette réunion. Deux colis piégés postés à Athènes adressés à la chancelière allemande Angela Merkel et au chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi ont été convoyés sans contrôle. La lettre destinée à Mme Merkel a été désamorcée à la chancellerie à Berlin. Celle pour M.Berlusconi a été interceptée à l'aéroport de Bologne. Au total, ce sont quatorze colis piégés, dont le dernier adressé à l'ambassade de France à Athènes a été neutralisé jeudi, qui ont été expédiés quasi simultanément lundi et mardi. Obligeant la Grèce à suspendre l'expédition du courrier international pendant 48 heures. Les terroristes pourraient avoir exploité une faille dans le dispositif de sécurité européen. Le contrôle du fret et de la poste incombe en effet, à des sociétés privées de messagerie «accréditées» qui utilisent leurs propres avions. Quelque 35% du fret international, soit 26 millions de tonnes par an, sont transportés par avion, indique la fédération internationale des compagnies aériennes (Iata). Ces sociétés n'ont pas rempli leurs obligations, a accusé le ministre grec chargé de la Protection civile Christos Papoutsis. Le ministre grec a réclamé une loi «pour renforcer les contrôles et imposer des conditions plus sévères à ces sociétés» et demandé une harmonisation au niveau européen. Ces demandes seront un des sujets soumis aux experts européens et à leurs collègues américains participant à la réunion de Bruxelles. Un autre sujet de réflexion sera la tendance des Européens à agir en ordre dispersé. L'alerte aux colis piégés envoyés depuis la Grèce avait été précédée par une autre déclenchée par la découverte de colis piégés postés au Yémen. Deux colis piégés en provenance de ce pays et à destination des Etats-Unis ont été interceptés il y a tout juste une semaine, respectivement en Grande-Bretagne et à Dubaï. Cinq pays européens -Allemagne, France, Royaume Uni, Belgique et Pays-Bas- ont rapidement interdit tout fret aérien provenant du Yémen. L'Allemagne a étendu la mesure aux vols passagers, car près de la moitié du fret aérien est transporté par avion de ligne. «Certes, il aurait mieux valu se coordonner, mais on ne peut pas toujours attendre l'accord des 27 pour agir. Chaque Etat est responsable de sa sécurité et prend les mesures que lui dicte l'urgence de la situation», a commenté un diplomate sous couvert de l'anonymat. La question soulève un débat sensible dans l'UE, relancé par la mise en garde américaine pour les voyages en Europe lancée début octobre. Chacun a une évaluation différente de la menace et prend ombrage des mesures de sécurité décidées unilatéralement par son voisin.