Quel est le point commun entre le Petit Futé et Jeune Afrique? L'Algérie leur refile de la publicité pour se faire insulter. Béchir Ben Yahmed continue son projet d'appui à l'initiative marocaine à propos du Sahara occidental. En moins d'un mois, le directeur de Jeune Afrique transforme son hebdomadaire en organe officiel du palais royal. Position qu'il défend ardemment. «Allant à l'encontre de nos intérêts et de l'opinion dominante de nos lecteurs, j'ai défendu, et j'ai obligé Jeune Afrique à en faire de même, le point de vue marocain, qui me paraissait juste», écrit-il. On aurait pu lui reconnaître d'adopter les positions qu'il désire, si au passage, il ne s'en prenait pas à l'Algérie et s'il ne faisait pas preuve d'un retournement de veste exemplaire. Et d'un opportunisme sans borne. Après son interview parue dans son hebdomadaire à l'occasion de son 50e anniversaire, voilà que Béchir Ben Yahmed, à travers un autre procédé, vise les mêmes objectifs. Cette fois, c'est un entretien du défunt roi du Maroc, Hassan II, publié par le même hebdomadaire dans son numéro 1299 du 27 novembre 1985 qui est resservi par son site. Avec un titre provocateur, Hassan II: «Tindouf faisait partie du Royaume». Il rappelle, en ces temps de négociations entre le Sahara et le Maroc, les revendications du Royaume sur Tindouf. L'acte vient d'être commis au lendemain des accusations de Mohammed VI contre l'Algérie à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la Marche verte, à laquelle est consacrée une grande partie de l'entretien de l'ancien roi. Ces injures interviennent aussi au moment même où leur auteur touche en moyenne 5000 à 6000 euros pour une page paraissant dans les différentes éditions de Jeune Afrique Plus sur l'Algérie (cinq, six dossiers annuels). Le sommet de l'ingratitude. Et on vient d'apprendre qu'il vient de proposer un supplément à l'occasion du 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Cela n'a pas empêché Béchir Ben Yahmed de continuer à jeter son fiel sur ce pays, et son journal d'ouvrir ses pages à tous ceux qui le suivent dans cette voie. Des extraits de l'interview du défunt roi pourraient être suffisants à éclairer davantage: «Nos voisins et frères algériens n'ont rien fait pour discuter des frontières orientales, mais, à la première occasion, ils ont essayé d'empêcher le Maroc de récupérer son Sahara.» Décision est prise, que c'est son Sahara et que ce sont ses voisins qui l'empêchent d'en prendre possession. Les autres n'ayant qu'à se soumettre à ces vérités. Pourtant, il reconnaît qu'il a introduit la question aux Nations unies au lendemain de l'indépendance du Maroc. Plus loin, le roi se livre à d'autres contrevérités. Selon lui, c'est le gouvernement algérien qui refuse l'application du principe d'autodétermination «lorsque le Maroc a proclamé son accord» sur le sujet. «Qu'ils laissent faire le référendum et l'affaire est perdue pour eux.» Pour l'instant, c'est le Maroc qui entrave la tenue du référendum.