Chaque occasion est saisie par les commerçants pour saigner au maximum les humbles citoyens. Ce constat est vérifiable au regard des prix qui ont flambé depuis hier sur l'ensemble des marchés de Bouira. En moins de deux jours, les fruits et légumes ont vu leurs prix doubler ou tripler. La pomme de terre par exemple est passée de 35 à 70 DA le kilo. Quand on sait que la wilaya de Bouira reste l'une des premières régions de production de ce tubercule avec 1 400.000 tonnes annuellement, il y a de quoi de sortir de ses gonds. «On parle de Syrpalac, de régulation du marché mais quand la flambée est en pleine période de récolte, il ne faut pas trop espérer», considère un fonctionnaire rencontré au marché couvert de Bouira. La tomate qui était cédée mercredi dernier à 35 DA est passée à 110 DA. La courgette jusque-là vendue à 50 DA est passé, elle aussi à 90 DA. «Le kilo de banane qui vient de pays lointains coûte 110 DA alors que la pomme et la poire produites à quelques encablures de ce marché affichent entre 180 et 250 DA le kg. C'est la preuve que les arguments des vendeurs n'ont aucun sens si ce n'est le profit maximum», ajoutera notre interlocuteur. Au marché à bestiaux, la tendance est aussi à la hausse. Les intermédiaires maîtrisent les prix et dictent leur loi. Depuis la semaine passée et à ce jour, les coûts sont stables quand ils ne sont pas revus à la hausse. Comme nous l'avions rapporté dans une précédente édition et lors d'une tournée au marché de Bouira, notre attention a été attirée par la présence de véhicules immatriculés à Alger. «La présence de revendeurs venus d'Alger et de ses environs a fait flamber les prix. Ils sont preneurs parce qu'ils connaissent la clientèle de la capitale et ses exigences», nous confiera un père accompagné de son fils. Un mouton à grosses cornes aurait atteint la barre des 40.000 DA. Même si certains vendeurs proposent des petits ovins, les prix exigés restent élevés. «Un mouton qui donnera moins de 25 kilos de viande coûte en moyenne entre 20.000 et 25.000 DA, ce qui équivaut à presque 1000 DA le kilo», dira un client revenu bredouille pour ne pas avoir trouvé une «oudhia» conforme aux préceptes religieux mais à portée de la bourse d'un fonctionnaire. Sur le marché de l'habillement aussi les prix sont excessifs. Comme l'Aïd reste une fête pour les enfants, les vendeurs ont mis le paquet sur le vêtement pour enfants. Au bazar «Errahma», il y avait foule mais rares sont les parents qui ont cédé aux caprices de leur progéniture. Les magasins de friperie quant à eux ne désemplissent pas. La forte demande a fait que les étals se sont vidés et les parents sont obligés de faire avec. Après avoir déboursé pour assurer la rentrée scolaire, le mois de Ramadhan...les salariés qui constituent la majorité de la population, sont une nouvelle fois invités à s'endetter pour passer une fête amère. «Si ce n'était les enfants, jamais je ne débourserai la totalité de mon salaire», conclura notre interlocuteur. Pour finir, nous reprendrons les dires de ce citoyen que nous avions rencontré la semaine dernière au marché à bestiaux de Bouira: «A voir le nombre de plus en plus grandissant de mendiants qui sillonnent les villes, la misère qui prend chaque jour de l'ampleur, la clochardisation de la société, la course au gain...on se demande pourquoi perpétuer une tradition qui se voulait une occasion religieuse pour la fraternité, la joie. L'Aïd el Kébir que nos ancêtres considéraient comme la fête des enfants n'est plus qu'une opportunité pour saigner les bourses et accentuer la pauvreté.»