Le présumé n°1 du Gspc, branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel, a adressé un message au Quai d'Orsay, sous forme d'un enregistrement audio diffusé jeudi dernier par la chaîne satellitaire, Al Jazeera. Dans ce message, le chef terroriste pose ses conditions pour la libération des otages: cinq ressortissants français, un Togolais et un Malgache enlevés à la mi-septembre au nord du Niger. La condition absolue est que l'Elysée entame des négociations avec Ben Laden tout en insistant sur le départ des troupes militaires françaises d'Afghanistan. «Si vous voulez que vos citoyens gardés en otage soient en sécurité, vous devez rapidement retirer vos soldats d'Afghanistan pour une durée déterminée que vous annoncerez», exige le tristement célèbre Droukdel dans l'enregistrement. Des sources très au fait du contexte sécuritaire orientent la lecture de cette sortie médiatique par le fait que le présumé n°1 d'Al Qaîda au Maghreb cherche une issue en adéquation avec sa position-clé dans le dossier des otages et, de toute évidence, il cherche ainsi à mettre en valeur son poste de chef terroriste et pourquoi pas, être reconnu au plan mondial. Une position qu'Abou Zeïd semble avoir occupé alors que des divergences extrêmement graves opposent actuellement les deux chefs terroristes. Selon les mêmes sources, ce qui a fait réagir Droukdel, n'est autre que le dernier message de Ben Laden dans lequel il s'est vanté à demi-mot de la prise d'otages orchestrée par Abou Zeid. S'agissant des otages, ils sont actuellement séquestrés au nord du Mali et les dernières informations font état que l'une des victimes aurait connu quelques problèmes de santé. Dans ce contexte, le président français, Nicolas Sarkozy, s'est dit spécialement inquiet pour les otages lors de son intervention télévisée, mardi dernier. Par contre, le nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé, a déclaré à la veille de la diffusion de l'enregistrement audio de Droukdel, avoir toutes les raisons de penser que les otages sont vivants et en bonne santé. Ils travaillaient pour le groupe nucléaire français Areva et un de ses sous-traitants près de la mine d'uranium d'Arlit dans le nord-ouest du Niger. Pour sa part, la nouvelle ministre des Affaires étrangères souligne, vendredi, que «la France n'acceptera pas que sa politique soit dictée de l'extérieur par qui que ce soit» et d'ajouter, dans ce même contexte, après la diffusion de l'enregistrement que «la France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu'ils soient, soient libérés sains et saufs». Après avoir, dans un premier temps, exigé de la France l'abrogation de l'interdiction du port du voile intégral pour la libération des otages et une rançon de sept millions d'euros, exigence imposée par Abou Zeïd voilà que Droukdel fait de la surenchère avec de nouvelles conditions, tenant compte du fait que Ben Laden soit encore vivant, car le doute est présent chez beaucoup d'observateurs et de stratèges de la scène sécuritaire dans le monde. Néanmoins, il faut rappeler que ce même Ben Laden avait, comme nous l'avons souligné plus haut, dénoncé l'engagement de la France dans les conflits en territoires musulmans en déclarant: «L'enlèvement de vos experts est une réaction à l'oppression que vous exercez à l'encontre de notre communauté musulmane.» Encore faut-il le trouver ce Ben Laden. Aura-t-il les moyens de communiquer? Car une seule erreur et son sort sera entre les mains des Américains. Ce chef terroriste, par excellence, ne prendra certainement pas un tel risque et selon nos sources, Droukdel aurait agi de son propre chef. Nul n'ignore aussi que les dernières déclarations des Américains sur une éventuelle intervention militaire au niveau de la bande du Sahel ne sont pas anodines et de là, cette sortie de l'émir du Gspc pourrait avoir un seul objectif. Faire intervenir les Américains au niveau du Sahel, et pour les membres du relais de la nébuleuse, obtenir le titre de vrais moudjahidine pour libérer le territoire occupé, créer une polémique entre la France et les USA à la condition du retrait des troupes militaires françaises d'Afghanistan, ce qui n'arrange pas pour le moment la Maison-Blanche. Enfin, Droukdel deviendrait l'héritier de la direction d'Al Qaîda. La France qui vient par son veto s'opposer à l'installation d'une commission d'enquête de l'ONU par rapport au récent soulèvement des Sahraouis à El Aâyoune, fait de toute la région une chasse gardée et il n'est pas question que les Américains interviennent, car ses intérêts seront remis en cause! Dans cette situation, on ne sait qui fait quoi. Dans l'intérêt de qui? Qui menace qui? Pour quelle partie? Les forces de sécurité algériennes préfèrent observer avec réserve ce qui se passe et intervenir au moment opportun. Ce qui est sûr pour l'Algérie, la fin du terrorisme n'est qu'une question de temps et les jours du sinistre Droukdel sont comptés.