Ce ne sont pas les dysfonctionnements qui ont manqué lors de cette campagne de pèlerinage. Seize cas de décès ont été enregistrés jusqu'à hier vendredi parmi les hadjis algériens, a-t-on appris auprès de la mission algérienne du Hadj. Parmi les 16 personnes décédées, 3 sont issues de la communauté algérienne établie à l'étranger, a indiqué le président de la mission, Cheikh Berbera, soulignant que 8 cas de décès ont été enregistrés lors de l'accomplissement des rites du pèlerinage à Arafa, Minnen et Mouzdalifa au cours des trois derniers jours du Hadj. Tous les cas de décès enregistrés sont dus à des maladies chroniques et n'ont aucun lien avec les bousculades survenues lors du déplacement des hadjis vers Arafa et Minnen. Concernant la surcharge dans les camps algériens à Minan, Berbara a indiqué qu'elle «est due à l'incursion des hadjis indépendants dans ces camps» Il a précisé, par ailleurs, que le problème d'hébergement demeure un point noir en raison de l'exiguïté de l'espace qui ne peut accueillir plus de 1,5 million de hadjis, selon les autorités saoudiennes, alors que leur nombre a dépassé les quatre millions cette année. Il a, en outre, affirmé que des instructions fermes ont été données aux hadjis algériens de ne pas utiliser les bus pour quitter le lieu du rite de la lapidation vers la Mecque. De regrettables incidents, dues aux fortes pluies qui se sont abattues sur les Lieux Saints et La Mecque, on été constatés. S'agissant des bousculades enregistrées lors de cette saison du Hadj, Berbara a souligné qu'elles sont dues au nombre important de hadjis qui a dépassé les quatre millions. Le premier contingent de hadjis, algériens ayant accompli les rites du pèlerinage, devrait regagner le pays demain 21 novembre alors que d'autres hadjis se rendront à Médine pour la visite de Lieux Saints. 36.000 hadjis algériens, sur un total de «plus de 1,7 million de pèlerins», selon le ministre saoudien du Hadj, le Dr Fouad Abdul Salam Al Farsi, ont pris part cette année à l'accomplissement du cinquième précepte de l'Islam. Afin de faciliter le déroulement de ce grand pèlerinage annuel, devenu, au fil des ans, un véritable calvaire pour les hadjis algériens, le gouvernement a pris certaines mesures dont notamment la mobilisation de cinq aéroports au niveau national pour assurer le transport des pèlerins. Les aéroports concernés répondent au nombre de candidats recensés au niveau des différentes régions. Ce sont ceux d'Alger, Oran, Annaba, Ouargla et Constantine qui ont été sélectionnés pour ce faire. Ce choix répond aussi à la nécessité technique et organisationnelle qu'impose le nombre important de 160 vols au total en partance, à partir de pas moins de 15 aéroports à travers le pays. Parallèlement, il est à noter la mise à l'écart d'agences de voyages privées organisatrices des Hadjs précédents après les graves défaillances relevées lors du petit pèlerinage «Omra» et du Hadj 2009. En effet, seuls l'Office national du tourisme (Onat) et le Touring Club Algérie (TCA) étaient autorisés à ordonnancer ces déplacements en 2010 en mettant à disposition une équipe de professionnels et un savoir-faire prouvé. Toutefois, malgré les dispositions extrêmes et rigoureuses prises pour un bon déroulement du Hadj 2010, dont notamment l'équipement d'un hôpital à La Mecque et d'autres centres médicaux à Médine et à Djeddah, quelques bémols. Les infrastructures sanitaires étaient animées par une mission médicale comptant 120 médecins, infirmiers et assistants médicaux. Ainsi, une hausse du nombre d'hospitalisations, par rapport à 2009 a été constatée et communiquée par le président de la commission médicale algérienne du Hadj. En 2009, quelque «53.000 consultations, dont plus de 19.000 traitements généraux, 386 contrôles médicaux, 23 déplacements et le décès de 21 hadjis» avaient été recensés. Des rapatriements de personnes souffrant de maladies chroniques ou mentales auraient été effectués conformément à la procédure légale, selon Cheikh Berbera, président de la délégation algérienne au Hadj 2010. A ce propos, il y a lieu de relever que ces personnes malades n'ont pu faire partie du contingent des 36.000 Algériens candidats au Hadj qu'avec la complicité de certains cadres administratifs et autres pontes et de médecins véreux qui ont délivré des certificats médicaux pour le moins complaisants. Ces pratiques s'effectuent souvent moyennant une commission ou «rechoua» pourtant strictement interdite par l'Islam. Il va sans dire qu'en pareille circonstance d'accomplissement de la 5e obligation de l'Islam, aucune explication n'est ni admise ni permise quant à cette option. Rappelons que le ministre Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avait déclaré à l'Assemblée populaire nationale (APN), en réponse aux questions des députés, que la commission de la santé et des affaires sociales avait indiqué que les commissions médicales ayant examiné les candidats au Hadj à travers le territoire national avaient «décidé d'écarter 74 postulants pour cause de maladies graves, dont des troubles mentaux, insuffisances rénales et cancers». Une autre fausse note à signaler est celle advenue à des centaines de pèlerins algériens, qui n'avaient pu trouver place dans les trois bus dépêchés par les organisateurs, lors de l'accomplissement du rite de lapidation de Satan, effectué le premier jour de l'Aïd à Minnen. Ils avaient été en effet contraints de faire à pied les 16 km séparant Arafat de Minnen où se trouvait leur campement. Des centaines de hadjis, dont beaucoup sont sexagénaires, voire plus, ont dû marcher 5 heures durant pour couvrir le trajet. Un rapport accablant du consul général d'Algérie à Djeddah (Arabie Saoudite) confirmant cette situation, affirme que «certaines agences de voyages ne s'intéressent qu'à l'argent et ne respectent pas les critères réglementaires pour organiser le Hadj et la Omra». Le coût du Hadj avait été estimé cette année à 22 millions de centimes pour chaque hadji algérien sans les frais de transport, rappelle-t-on, alors que l'année dernière, il avait été fixé à environ 210.000 DA.