La vingtaine d'officiers mutins était toujours hier matin dans une caserne à proximité de l'aéroport international, à environ 15 km de la capitale. Le régime en place à Madagascar a accentué la pression sur un groupe d'officiers mutins, en appelant la population civile à évacuer les environs de la caserne qu'ils occupent depuis mercredi en périphérie d'Antananarivo, possible signe d'un prochain recours à la force. «Nous demandons aux familles qui habitent dans le camp militaire d'Ivato et aux habitants des environs de quitter momentanément les lieux et de rejoindre un endroit plus sûr», indique ce message du ministère de la Défense, diffusé sur les ondes de la radio nationale et via un bandeau déroulant sur les écrans de la télévision publique. La vingtaine d'officiers mutins était toujours hier matin dans une caserne à proximité de l'aéroport international, à environ 15 km de la capitale. Mercredi, ils avaient affirmé avoir «suspendu toutes les institutions» du régime d'Andry Rajoelina. Leur déclaration est restée jusqu'à présent sans effet avec l'absence de soutien apparent du reste de l'armée et la poursuite des activités habituelles dans la capitale. Leur appel à la mutinerie a été lancé le jour même d'un référendum constitutionnel organisé par le pouvoir en place et boycotté par une partie de l'opposition, le premier scrutin depuis l'éviction en mars 2009 du président élu Marc Ravalomanana et l'accession au pouvoir de M.Rajoelina, 36 ans. En fonction du résultat et surtout du taux de participation à ce scrutin, le régime de M.Rajoelina, arrivé au pouvoir avec l'aide de l'armée, pourrait se prévaloir d'une légitimité populaire, selon plusieurs observateurs dans l'île. Mercredi soir, M.Rajoelina avait prévenu que l'Etat prendrait «ses responsabilités» face aux mutins et aux «velléités de troubles de certains». Dirigés par un ancien ministre des Forces armées, le général Noël Rakotonandrasana, actuellement sans affectation, les mutins sont basés dans la caserne du Régiment des forces d'intervention (RFI), à quelques centaines de mètres de l'aéroport international. Cette caserne abrite notamment des bâtiments où vivent de nombreuses familles de militaires. La situation y était parfaitement normale depuis le début de la mutinerie, piétons et véhicules circulant librement dans et autour de la base. Jeudi, le général Rakotonandrasana avait assuré vouloir poursuivre sa tentative de renverser le régime Rajoelina, appelant l'armée et la population à rejoindre les lieux. Hier en milieu de matinée, peu après la diffusion du message du ministère de la Défense, quelques dizaines de badauds se rassemblaient par curiosité à une centaine de mètres de l'entrée du camp. La circulation était normale sur la route menant à la vaste caserne, ainsi que dans le petit village voisin. Les établissements scolaires et la plupart des commerces, hormis les petites échoppes, avaient toutefois fermé leurs portes. Aucun déploiement militaire n'était visible sur place. Seul un barrage filtrant d'une dizaine de soldats gouvernementaux était installé à environ 3 km de l'aéroport, sur la route d'Antananarivo. Madagascar est plongée dans une crise politique majeure depuis fin 2008 et le début du mouvement de contestation populaire emmené par l'ex-maire d'Antananarivo Andry Rajoelina, qui a débouché sur le départ forcé de M.Ravalomanana, aujourd'hui en exil en Afrique du Sud. «L'équilibre est précaire à Madagascar, la corruption galopante et le risque d'une explosion sociale aigu», a affirmé jeudi le groupe de prévention des conflits International Crisis Group (ICG). «La portée et la réalité même d'un coup militaire (...) demeurent incertaines. Reste que seules des élections crédibles pourront restaurer l'ordre constitutionnel et revitaliser l'économie», poursuit ICG.