La vingtaine d'officiers mutins qui ont tenté de renverser le pouvoir en place ont investi une caserne à proximité de l'aéroport international, à environ 15 kilomètres de la capitale. Mercredi dernier, ils avaient affirmé avoir «suspendu toutes les institutions» du régime d'Andry Rajoelina. Cependant, leur déclaration est restée jusqu'à présent sans effet. L'absence de soutien apparent du reste de l'armée et la poursuite des activités habituelles dans la capitale ont désenflé la tentative. Leur appel à la mutinerie a été lancé le jour même d'un référendum constitutionnel organisé par le pouvoir en place et boycotté par une partie de l'opposition. Il s'agit du premier scrutin depuis l'éviction en mars 2009 du président élu Marc Ravalomanana et l'accession au pouvoir de Rajoelina. En fonction du résultat et surtout du taux de participation de ce scrutin, le régime de Rajoelina, arrivé au pouvoir avec l'aide de l'armée, pourrait se prévaloir d'une légitimité populaire, selon plusieurs observateurs dans l'île. Mercredi dernier, Rajoelina avait prévenu que l'Etat prendrait «ses responsabilités» face aux mutins et aux «velléités de troubles de certains». Dirigés par un ancien ministre des Forces armées, le général Noël Rakotonandrasana, les mutins sont basés dans la caserne du Régiment des forces d'intervention (RFI), qui abrite notamment des bâtiments où vivent de nombreuses familles de militaires. Jeudi, le général Rakotonandrasana avait assuré vouloir poursuivre sa tentative de renverser le régime Rajoelina. Il a appelé l'armée et la population à rejoindre les lieux. Hier, le chef d'état-major général de l'armée malgache a entamé des négociations avec le groupe de militaires mutins. Madagascar est plongée dans une crise politique aiguë depuis fin 2008 et le début du mouvement de contestation populaire emmené par l'ex-maire d'Antananarivo Andry Rajoelina, 36 ans. Le coup de force a débouché sur le départ forcé de Ravalomanana, aujourd'hui en exil en Afrique du Sud. L'équilibre reste toujours précaire dans la grande île. La corruption est galopante et le risque d'une explosion sociale menaçant. Selon les observateurs du dossier malgache, seules des élections crédibles pourraient restaurer l'ordre constitutionnel. R. I.