Le président de la République a été saisi par le ministère des Affaires étrangères sur l'anarchie qui a caractérisé l'organisation du pèlerinage 2010. Qui est à l'origine de l'organisation d'une saison du Hadj des plus catastrophiques pour les pèlerins algériens aux Lieux Saints? Les responsabilités sont, certes partagées, mais toutes les conditions débouchant sur un Hadj calamiteux ont été réunies. Explications: le conflit de prérogatives existant entre le ministère des Affaires religieuses et l'Office national du Hadj et de la Omra a favorisé la désorganisation et l'anarchie du Hadj de cette saison. Une source du ministère des Affaires étrangères a révélé à L'Expression que le ministre Bouabdallah Ghlamallah avait averti Cheikh Barbara, directeur de l'Onho, sur la désorganisation et l'anarchie qui allaient caractériser le pèlerinage de cette saison. Selon la même source, M.Barbara n'a pas été attentif à la mise en garde du ministre. Polémique nommée Ghlamallah-Barbara Devant une telle situation, M.Ghlamallah avait saisi, affirme notre vis-à-vis, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sur la question. A travers une telle démarche, le ministre tente de s'en laver les mains quant à l'anarchie qui allait se produire, tout en enfonçant l'Onho auprès du premier magistrat du pays. L'autre indice témoignant du conflit entre les deux hommes est le fait que le ministre Ghlamallah n'a pas pris la peine de se déplacer à l'aéroport pour accueillir la première délégation des hadjis qui étaient de retour des Lieux Saints. Le ministre a boycotté, en quelque sorte, les hadjis à leur retour. Certes, Ghlamallah se trouve à La Mecque pour effectuer son pèlerinage. Mais il avait prévu, selon la même source, de rentrer dans le premier vol à destination d'Alger, avant qu'il ne revoie ses calculs et ne décide de retarder son arrivée de 24 heures. L'objectif est le même: éviter de se rendre à l'aéroport pour accueillir les Hadjis et surtout d'être impliqué dans cette organisation désastreuse. Autrement dit, le ministre a affiché à sa manière son mécontentement vis-à-vis de l'organisation et surtout confirme le conflit existant entre les deux départements. Selon la même source, même si les deux personnes sont membres de l'Office, il semblerait que chacun va présenter son propre rapport. A l'absence de M.Ghlamallah, il a été substitué la présence du ministre du Tourisme, Smaïl Mimoun. On s'interroge, dans ce cadre, sur les raisons qui ont poussé le ministre du Tourisme à accueillir nos pèlerins. Le Hadj est loin d'être un voyage touristique. Il s'inscrit dans un cadre purement religieux. Selon une source gouvernementale, le ministre du Tourisme était pris entre deux feux. Le premier point est relatif à l'anarchie qui caractérise les agences de voyages étatiques chargées de l'organisation du voyage et de l'hébergement des pèlerins aux Lieux Saints. Sur ce point, un bon nombre de hadjs témoignent qu'ils ont été victimes d'une arnaque à ciel ouvert de la part des agences de voyages. Le second est relatif aux querelles de prérogatives entre le ministre des Affaires religieuses et l'Office dirigé par M.Barbara. L'Onho est une institution indépendante, mais son conseil d'administration est représenté par plusieurs départements, à savoir la Santé, l'Intérieur et les Affaires étrangères. Paradoxalement, au coeur de cette grosse polémique qui est loin d'être la première du genre, personne n'évoque la responsabilité de l'Office du Hadj et pourtant, les textes de loi sont clairs. Cette institution constitue «un mécanisme chargé de l'organisation de l'opération du Hadj et de la Omra». Tout le monde sait que depuis quelque temps, le courant ne passe plus entre le directeur de l'Office, Hadj Barbara, et le ministre des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah. Le ministre n'apprécie pas, selon nos sources, la démarche de Barbara, lequel a tendance à agir et à prendre des décisions unilatérales, c'est-à-dire sans consulter ou même prendre l'avis du ministère. Les carences de la non-assistance On dit aussi que Ghlamallah est très gêné par les sorties médiatiques du directeur de l'Office qui mettent à nu leurs désaccords. En tout état de cause, chaque partie va présenter son propre rapport. Conséquences dramatiques de cette anarchie, des hadjis algériens ont péri. Outre les 17 décès, 1356 hadjs se sont égarés jusqu'au 22 novembre dernier, dont 826 hommes et 530 femmes, selon la même source. Parmi ce chiffre, 968 se sont égarés à La Mecque et 388 à Médine. A cela s'ajoutent les 730 cas recensés lors du rite des Machairs. Sur ce volet, le problème de la non-assistance des Algériens aux Lieux Saints s'est toujours posé. Les hauts responsables du pays reconnaissent les carences concernant ce volet. Le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la Communauté nationale à l'étranger, M.Halim Benatallah, interrogé, lors d'une de ses sorties médiatiques, sur les préjudices subis par les pèlerins algériens pendant la Omra, a avoué qu'il y a eu un problème de non-assistance; une dame est décédée, il y a eu carence de la part des agences de voyages, affirmant que pour le Hadj, «nous allons être plus vigilants à tous les niveaux de responsabilité pour que cette situation dégradante ne se reproduise pas». En tout état de cause, la saison du pèlerinage 2010 s'est achevée avec un scandale où se mêlent anarchie et désorganisation. Le temps est venu pour que chacun assume ses responsabilités.