«Jean-Pierre Bemba a sciemment permis aux 1500 hommes qu'il commandait de commettre des centaines de viols, des centaines de pillages», a déclaré le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. L'ancien vice-président de la République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba a été accusé d'avoir «permis sciemment» à sa milice de commettre des centaines de viols en Centrafrique en 2002 et 2003, à l'ouverture de son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. «Jean-Pierre Bemba a sciemment permis aux 1500 hommes qu'il commandait de commettre des centaines de viols, des centaines de pillages», a déclaré le procureur de la CPI, l'Argentin Luis Moreno-Ocampo, dans sa déclaration liminaire. Selon Luis Moreno-Ocampo, «Jean Pierre Bemba était le commandant militaire avec l'autorité effective et le contrôle des troupes qui ont commis les crimes». «Bemba a créé sa milice, il la possédait», a-t-il souligné. La défense a dénoncé une enquête «partiale» et «bâclée», qui «n'apporte absolument pas aux juges ce qu'ils sont en droit d'attendre, c'est-à-dire des preuves au-delà de tout doute raisonnable», a regretté Me Nkwebe Liriss. L'opposant congolais, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2006 en RD Congo, est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, à savoir des viols, pillages et meurtres, commis en 2002 et 2003 par sa milice du Mouvement de libération du Congo (MLC) en Centrafrique, où elle soutenait les troupes du président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat du général François Bozizé. L'accusé, vêtu d'un costume marine et d'une cravate bleu ciel, corpulent, est resté impassible pendant la lecture des charges qui pèsent contre lui. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Il est poursuivi non en tant qu'auteur ou co-auteur mais en tant que «chef militaire», en vertu du principe de la «responsabilité du commandant», ce que conteste catégoriquement la défense. «M.Jean-Pierre Bemba Gombo a parfaitement compris (...) et plaide non coupable», a répété cinq fois son avocat, Me Nkwebe Liriss, à la présidente Sylvia Steiner qui lui demandait si l'accusé avait «bien compris» les cinq charges retenues. Cinq mois durant, jusqu'en mars 2003, les troupes du MLC ont, selon l'accusation, violé des femmes, des enfants, des hommes et des vieillards, pillé et tué ceux qui leur opposaient une résistance. «Des groupes de deux à trois soldats se sont introduits dans une maison après l'autre», a affirmé le procureur: «ils ont violé les femmes (...) indépendamment de leur âge. Quand les civils résistaient, ils étaient tués». «Les viols massifs n'étaient pas seulement sexuellement motivés, c'étaient des crimes de domination et d'humiliation contre les femmes mais aussi contre les hommes qui avaient de l'autorité», a asséné le procureur. La CPI a autorisé la participation de 759 victimes au procès, a indiqué la présidente, selon laquelle «653 demandes sont en attente d'une décision des juges». «C'est la première fois dans l'histoire de la justice internationale qu'un groupe aussi nombreux est autorisé à participer», avait souligné lundi matin Paolina Massidda, responsable du Bureau de conseil public pour les victimes, lors d'une conférence de presse à la CPI.