L'ancien vice-président de la République du Congo est poursuivi par la Cour pénale internationale de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. On peut être fils d'un millionnaire, millionnaire soi-même, chef d'un mouvement de rébellion ou encore vice-président d'une République africaine, sans pour autant que cette ribambelle de titres n'épargne à son titulaire les foudres de la justice internationale. C'est le cas de Jean- Pierre Bemba, 47 ans, ancien numéro deux de la République démocratique du Congo, aujourd'hui poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à l'époque où il dirigeait le Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique, entre octobre 2002 et mars 2003. Bemba risque la réclusion à perpétuité. Né sous une bonne étoile, Bemba avait pourtant tout pour réussir une belle carrière aussi bien dans le business que dans la politique. Fils de Jeannot Bemba Saolona, un homme d'affaires congolais, proche de l'ancien président du Zaïre, Mobutu (sa sœur était mariée à un des fils de l'ancien empereur zaïrois), Jean-Pierre est licencié en sciences commerciales et consulaires à l'université de Bruxelles. Un pedigree qui permettra à cet homme à la carrure d'un videur de boîte de créer dans les années 1990 une panoplie d'entreprises dans des domaines aussi divers que l'aviation, l'audiovisuel et la télécommunication. Tenté par les démons de la politique, il crée en 1998 le Mouvement de libération du Congo. Entre 2002 et 2003, Bemba décide de soutenir le président de la Centrafrique, Ange-Félix Patassé, prétendument menacé d'un coup d'Etat. Mais dans sa démarche de soutien pour Patassé, ses troupes constituées de quelque 1500 hommes, les Benyamulenge, s'adonneront à de terribles campagnes de pillage, de viols et d'exécutions sommaires. Bien qu'à l'époque l'affaire fait grand bruit, Bemba ne sera nullement inquiété tant et si bien qu'il entame une fulgurante ascension politique. Candidat à la présidentielle d'octobre 2006, il est distancé par l'actuel président du Congo (RDC), Joseph Kabila. Elu sénateur en 2007, il s'engage à faire dans l'opposition républicaine. Mais la justice finira par le rattraper. Son heure sonne donc le 24 mai 2008 alors qu'il se trouvait à Bruxelles. Objet d'un mandat d'arrêt international lancé contre lui, la veille de son arrestation, par la CPI pour crimes sexuels, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, ce père de cinq enfants sera transféré à la Haye pour y être jugé. Le 10 juillet, la CPI devra se prononcer sur la demande remise en liberté provisoire introduite par la défense de Bemba. Mais libre ou pas, le spectre de la condamnation pèse sur cet homme qui jadis aspirait à un destin national.