Le juge près le tribunal de Tizi Ouzou a prononcé, avant-hier tard dans l'après-midi, une peine de 15 ans de prison ferme contre trois individus impliqués dans une affaire d'enlèvement. Une affaire qui remonte au 9 mars dernier lorsque les trois inculpés ont kidnappé un enfant âgé de 9 ans dans un village aux Ouadhias. Leur opération, pour rappel, s'était soldée par un échec, car le gamin a réussi à prendre la fuite quelque temps plus tard. Arrêtés, les accusés ont été placés sous mandat de dépôt. Hier donc, à la barre, les inculpés ont nié les faits qui leur sont reprochés. Le procureur de son côté avait requis une lourde peine de 20 ans assortie d'une amende de 10 millions de dinars. A l'issue des audiences, le juge a prononcé des condamnations de 15 années de prison ferme à l'encontre des trois individus. En fait, l'affaire que le juge a eu à traiter avant-hier relative au phénomène des kidnappings n'est qu'une infime partie de l'iceberg. Car, en effet, celui-ci a pris des proportions alarmantes ces dernières années. Le juge n'a à se prononcer que sur une petite affaire de tentative d'enlèvement avortée comparée aux autres kidnappings qui frappent les entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Maâtkas a été, notons-le, la première région à subir les affres de ce phénomène. Des entrepreneurs ont été enlevés avant d'être contraints à verser des rançons colossales. Les kidnappeurs, se sentant dans l'impunité, étendront leur champ d'action vers le nord et le sud-ouest. Des commerçants et des entrepreneurs seront kidnappés alors que d'autres ont cédé au chantage et à la menace en payant des rançons dans un silence total. Cette omerta n'a pas duré longtemps car les populations ont fini par afficher leur refus de céder à la peur. Au début, les ravisseurs se sont heurtés au refus des populations d'Iflissen, dans la région littorale, de payer la rançon demandée. Le kidnapping de leur concitoyen, un commerçant, a généré un vaste élan de solidarité des villageois. Ils répondront par la négative au chantage des ravisseurs qui leur exigent de payer la rançon. La vague de mobilisation a donc été enclenchée et se poursuit encore. Le dernier cas a été vécu par les villageois d'Imekhlaf à Aghribs. H.Slimana, entrepreneur âgé de 59 ans, a payé de sa vie sa tentative de fuir ses ravisseurs qui n'ont pas hésité à lui tirer deux balles dans le ventre. Il rendra l'âme à l'hôpital quelques jours plus tard, mais la mobilisation face au phénomène continue et se poursuit en attendant la main ferme de l'Etat. Le sévère jugement d'avant-hier est-il un signe dans ce sens?