Quoique bitumées tout récemment, plusieurs routes d'Oran se sont transformées en grands réservoirs à ciel ouvert, qui emmagasinent toutes les eaux pluviales. «Les habitants d'Oran continuent à vivre sous la menace permanente des inondations et des effondrements. Le cauchemar des inondations de 2001 et leur lot de dégâts d'alors revient comme un fantôme résiduel, une vive panique s'est emparé des Oranais». C'est ce qu'a déploré Mohamed Belouz, habitant du quartier populaire de Sidi El Houari. Les Oranais sont effarés par l'ampleur des dégâts causés par la moindre petite averse. Nous sommes au premier jour du mois de décembre. Derrière le front de mer, se dresse un front de misère. Hier matin, les habitants d'El Bahia se sont réveillés au rythme des trombes d'eau qui peuvent être fatales à leurs habitations vu leur vétusté. Ces pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville et ses environs immédiats, sont certes bénéfiques pour l'agriculture dans les zones rurales comme Tafraoui, Oued Tlelat, El Braya, Aïn El Karma mais dévastatrices et fatidiques pour le chef-lieu de la deuxième capitale du pays. Celle-ci, donnant une triste image, est noyée tandis que ses habitants, qui ont les pieds dans l'eau, redoutent le pire, l'effondrement de leurs vieilles habitations. Un piquet d'alerte a été observé par les résidents des vieilles maisons d'El Hamri et ce, en quittant leurs résidences la nuit même pour élire domicile dans la rue à la belle étoile et dans le froid glacial de l'hiver. La même menace qui pesait sur les habitations des quartiers de «Petit Lac» et de «Victor Hugo» a obligé les résidents à quitter leurs domiciles durant la nuit. Ces changements rapides de comportement surviennent au moment même où les autorités locales tentent, tant bien que mal, de remédier, graduellement, à une situation née durant les années de disette, le relogement des familles en détresse. Les recensements établis par l'Opgi sont alarmants. La commune d'Oran compte près de 2000 bâtiments et plus de 55.000 habitations individuelles menaçant ruine tandis que la cadence de la prise en charge des occupants du vieux bâti bute sur d'inextricables problèmes, à savoir le souhait de tout le monde d'être recasé alors que le nombre de logements sociaux à attribuer dans l'immédiat est limité, ajouté à cela la tricherie, observée par plusieurs demandeurs, ne se trouvant pas dans le besoin pressant d'être relogés. Quoique bitumée tout récemment, les routes sont devenues de grands réservoirs à ciel ouvert qui emmagasinent, toutes les eaux pluviales. Le constat, perceptible un peu partout dans la ville d'Oran, est désolant. Les rues de l'Usto, Gambetta, Carteaux, Centre-ville, Plateau, Boulanger, Maraval, en passant par Derb, Sidi El Houari, Ras El Aïn, Cité Petit et Choupot, ressemblent à des cours d'eau charriant tout sur leur passage. Ainsi donc, les routes sont devenues méconnaissables, plusieurs accès ont été obstrués et fermés à la circulation routière pendant de longues heures. La voie express qui lie la cité Pépinière (est d'Oran) aux Amandiers (ouest d'Oran) via les ronds-points de Morshid, Nekkache, Cité Djamel, El Bahia et celui de l'Ensep est, sur plusieurs kilomètres, inondée causant d'énormes embouteillages sur plusieurs tronçons routiers. Ce n'est pas tout. La ville d'Es Senia n'est pas en reste vu la configuration plate de ses terrains d'assiette. Ladite localité, à plusieurs endroits, est transformée en un grand lac. Parallèlement, avec le lot supplémentaire des désagréments causés par l'infernal chantier du tramway et les dernièrs travaux opérés par la Seor, la ville d'Oran a, en un laps de temps très court, changé de look. Idem pour la commune de Bir El Djir tandis que la route nationale, reliant la wilaya d'Oran à Mostaganem, a connu le même sort. Les plateaux des communes de Gdyel, Arzew et Bethioua n'ont pas été épargnés par les eaux pluviales qui ont obstrué plusieurs axes. Dans ce désordre qui continue à alimenter de plus belle les débats des Oranais, une hantise revient, comme un leitmotiv, sur toutes les bouches, pourquoi la leçon des inondations de 2001 et son lot de malheurs n'est toujours pas retenue?