Les billets dégradés, déposés aux guichets des banques, ne devraient plus être remis dans le circuit. Les banques continuent à affronter le casse-tête des billets de banque usagés. Ceux de 200 dinars sont les plus concernés par cette dégradation. Les banques comptent les retirer progressivement de la circulation. Les agents commencent d'abord par les trier en liasses de sept lots. Même le délégué de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa, est intervenu à la Télévision nationale pour tenter de rassurer le citoyen sur le sort de ce symbole de souveraineté qui est aussi un support d'échanges économiques. La Banque d'Algérie serait, quant à elle, intervenue pour mettre de l'ordre dans cette affaire. Elle a chargé les banques primaires de prendre leurs dispositions pour se conformer à ce tri sélectif. Faute de quoi, les envois en billets adressés aux succursales de la Banque seront renvoyés aux banques. Lors de son intervention à la télévision, le même responsable de l'Abef ne s'est pas montré tendre avec les citoyens et les entrepreneurs qui ne prennent aucun soin particulier pour préserver la qualité des billets de banque. Il a fortement critiqué la tendance à la thésaurisation. La moitié des agents des banques sont affectés à l'activité du guichet, a-t-il dit, et ce pour pouvoir compter les énormes quantités de billets qui y parviennent. Pourquoi l'utilisation du chèque et de la carte de paiement n'a-t-elle pas de l'ampleur dans la société? s'est-il interrogé. Il n'y aura pas de réforme efficace du système si d'autres sphères, comme le marché de l'emploi et l'échange de services et de biens, ne sont pas réglementées à leur tour, a-t-il tenu à préciser. La Banque d'Algérie a promis à plusieurs reprises de remédier au problème des billets de 200 dinars, en vain. En outre, ce sont les billets les plus utilisés par les citoyens. Benkhalfa a aussi abordé le marché noir de devises en minimisant sa portée. Si certaines sources l'évaluent entre un milliard et deux milliards de dollars, Benkhalfa souligne que ce marché ne constitue pas de menace si on le compare aux opérations du commerce extérieur qui s'élèvent à plus de 40 milliards de dollars. Certaines sources évaluent également à 40% le taux de la masse monétaire en circulation en dehors du circuit officiel. Dès mars prochain, les montants échangés au-delà d'une certaine somme devront être effectués obligatoirement par chèques. Le ministère des Finances va passer à l'application de la réglementation imposant les moyens de paiement par monnaie scripturale pour toutes les transactions dont le montant dépasse les 500.000 DA. Cela devrait réduire la tension sur le liquide. Reste à connaître la capacité des banques à se mettre en conformité avec cette perspective. Les moyens de paiement au niveau des banques sont souvent qualifiés d'archaïques et pourraient ne pas suivre l'évolution du marché. On ne veut pour preuve, que la récente crise de liquidités vécue par les bureaux de poste qui se sont retrouvés assaillis par des chefs de famille mis à mal par les dépenses qu'impliquaient les fêtes durant cette semaine. Les guichets, à court de liquidités, n'arrivaient plus à répondre à la demande. Mis au banc des accusés par les citoyens en colère, les responsables d'Algérie Poste ont renvoyé la balle à la Banque centrale. Pour rester dans la problématique des billets de 200 dinars, ceux-ci ne devraient plus être remis dans le circuit une fois franchis les portes des banques. Est-ce vraiment le cas? Benkhalfa a indiqué que les banques viennent d'acquérir 3000 nouveaux appareils pour détecter la fausse monnaie et les faux chèques.