L'auteur a présenté samedi son nouveau roman Les Sentiers du ciel (2010) tout en dévoilant ses passions connexes. Dans le cadre de sa nouvelle activité consacrée au rayon lettres, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) ayant signé un contrat avec la maison d'édition, Acte Sud, continue son périple en nous faisant découvrir de nouveaux auteurs. Samedi dernier, ce fut le tour de l'écrivain italien Luigi Guarnieri d'aller à la rencontre de ses lecteurs, en animant une conférence de presse/rencontre à la salle Frantz-Fanon de Riad El Feth. Passionné d'histoire, Luigi Guarnieri y a présenté son dernier livre Les Sentiers du ciel (2010) qui revient sur la terre d'Italie, au XIXe siècle pour faire découvrir le légendaire brigand Boccardo, opposé à l'Unité italienne. Pour ce faire, dira l'auteur, il eut recours à une «description crue des faits historiques». Et de renchérir: «L'unification de l'Italie est un processus difficile à arrêter. Il a comporté pas mal de violences, beaucoup de brutalités et de souffrances. Des problèmes actuels remontent à cette époque. Le crime organisé a des racines avec ces répressions dans le Sud de l'Italie. L'émigration vers l'Afrique du Sud et du Nord et en Europe en a découlé. On n'avait pas le choix. C'était soit l'émigration soit le crime organisé. L'un des principaux problèmes en Italie aujourd'hui est le grand déséquilibre entre le Nord qui est développé et le Sud qui est pauvre», dira l'auteur, soulignant par ailleurs, son lien affectif avec cette histoire car son grand-père était jadis officier, parti au Sud pour faire campagne contre les brigands et il y restera épousant une femme de là-bas. L'écrivain interrogé en outre, par madame Nadjiba Aouadi qui assurait la traduction de l'italien au français, fera encore allusion aux guérillas de cette époque tout en indiquant la différence qui existe aujourd'hui entre les Italiens du Nord et du Sud, différence qui se traduit principalement au niveau de la mentalité et du langage. «Aller en Piémontais (les gens du Sud, Ndlr) c'est aller en Afrique» pour reprendre une citation que l'on peut trouver dans son roman Les sentiers du ciel. Les Piémontais étaient considérés comme des envahisseurs, nous apprend-on. Outre son attachement pour le roman, Luigi signe en 2006 la double-vie de Vermeer, tiré de l'histoire vraie d'un faussaire hollandais talentueux animé par la vengeance et en 2007 La Jeune mariée juive, intrigue autour d'un tableau inachevé de Rembrandt, l'auteur avoue également une passion pour les autres formes d'art. En effet, ce natif de Calabre, au sud de l'Italie s'est investi dans l'écriture cinématographique et dramaturgique mais c'est avec le roman que son talent a gagné une notoriété internationale en s'exerçant dans ce volet, passionnément. Il nous parle de ses autres penchants. Luigi a étudié et fréquenté le Centre expérimental de Rome, la prestigieuse Ecole de cinéma en Italie. Elle donne des bourses d'études aux jeunes du monde entier. Un de ses plus célèbres élèves fut Garcia Marquez. A côté, il y a la cinémathèque où l'on peut visionner une quantité de films. «C'est grâce à ça que j'ai pu me former et me forger une culture cinématographique. J'ai connu aussi les plus célèbres metteurs en scène italiens, Mais je n'ai jamais travaillé pour le cinéma, j'ai seulement écrit un scénario à mes débuts, sans plus. Ça laisse une grande influence sur ma part d'écriture. Ça me permet de faire des descriptions plus visuelles», dira Luigi qui annoncera, par ailleurs, qu'un réalisateur italien s'est intéressé à l'adaptation cinématographie de son oeuvre Les Sentiers du ciel. Chose pas courante selon lui, car le cinéma italien «traverse une crise» dit-il. «On s'intéresse très peu aux films qui ont trait à l'histoire. Il est très difficile dans l'Italie d'aujourd'hui de réaliser des films qui ne relèvent pas du domaine de la comédie.» S'agissant du 4e art, l'invité du Diwane Abdellatif dira qu'il a déjà eu une expérience dans ce sens mais très brève. Ainsi, il a écrit une pièce sur le célèbre poète italien Giovanni Pascoli qui fut présentée dans les différents théâtres en Italie et dans le prestigieux Piccolo de Milan, notamment (coauteur avec Melaina Mazzuco d'une pièce de théâtre, il avait obtenu en 1996 la Médaille d'Or de la dramaturgie italienne). Evoquant sa démarche d'écriture romanesque, Luigi Guarnieri dira qu'il met une année pour se documenter, suite à cela, il oublie cette partie somme toute «agréable pour la construction» du roman et se consacre à ses personnages afin d'inventer la trame de son histoire. «Le plus important est de donner vie à des personnages et l'environnement historique qui les entoure.» Pourquoi écrit-on? Quel est son rapport à l'écriture? Et peut-on dissocier la littérature de l'engagement politique? lui demandera un présent dans la salle Frantz-Fanon. Le discours politique dira l'auteur ne doit pas transparaître de façon directe mais doit être dit de manière biaisée à travers les personnages sinon, dira-t-il «le récit perdra de son efficacité». Ses romans, il les construit sur la base d'un fil conducteur, celui de l'histoire agrémentée d'enquête et de suspense pour attirer l'attention des lecteurs. A la question de connaître son avis sur la littérature algérienne, l'auteur de Les Sentiers du ciel fera remarquer: «Tahar Djaout me plait beaucoup. C'est mon écrivain algérien préféré. Hélas, on traduit très peu de littérature algérienne en Italie. Il y a bien une tradition de la traduction en Italie mais on s'intéresse au livre européen tout en privilégiant la littérature anglo-saxonne», regrettera-t-il.