Tarik Djerroud est auteur de deux romans. Le Sang de mars a obtenu le 1er Prix Bougie d'Or 2009. J'ai oublié de t'aimer est le titre de son second récit qui a eu un succès notable lors du 3e Salon Djurdjura du livre, organisé la semaine dernière à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Tarik Djerroud vit à Bejaïa d'où il est originaire. L'Expression: Ce qui frappe dans vos romans, à première vue, ce sont vos titres originaux. Avez-vous donc un penchant particulier pour le choix des titres? Tarik Djerroud: Le choix d'un titre n'est pas un penchant en soi, mais une exigence professionnelle. Je fais de mon mieux pour mettre en couverture un titre original de sorte à faire distinguer un ouvrage d'un autre, mais pas uniquement; l'originalité est au coeur même de la création. Le Sang de mars, un titre à la fois poétique et métaphorique, renvoie à une période sanglante de notre histoire nationale, mars 1962, les Accords d'Evian et les conséquences de la guerre. Cependant, le choix d'un titre est, à vrai dire, un moment difficile. Dans J'ai oublié de t'aimer, j'ai longtemps tâtonné avant de me fixer, prenant à chaque fois la place du lecteur et finalement, ce titre choisi à la dernière minute est la cerise sur le gâteau tant il est vrai que ce roman est devenu un best-seller quelques mois seulement après sa parution. Vous avez fait des études techniques (électronique). Devenir écrivain n'a jamais été votre rêve d'enfance. Puis, un jour, vous vous mettez à l'écriture. Que s'est-il passé au juste? Mon passage à l'écriture s'est fait naturellement. J'ai toujours aimé lire, une passion qui est allée crescendo; mon désir de comprendre la vie, les gens et le devenir de l'humanité m'a poussé à saisir la plume par laquelle chaque mot est longuement pesé. L'écriture est une activité difficile mais ô combien passionnante, dévorante même, et je pense qu'elle me poursuivra jusqu'à la mort! Contrairement à la majorité des romanciers, vous ne vous inspirez pas de votre vie pour écrire vos romans. Pourquoi cette distanciation? Je ne sais pas si le mot distanciation est bien approprié. Cependant, à l'origine de mes romans, figurent les gens que je rencontre; leurs destins hors pair conjugués à leurs secrets bouleversants me donnent l'envie d'écrire. Ma vie personnelle n'est pas assez passionnante pour la romancer et d'ailleurs qui s'intéressera à ma vie? Personne, sinon mes parents, tout au plus! Je crois que l'écriture se doit d'être un acte de générosité où l'auteur quitte son nombril et projette son regard vers la société. Maintenant, pour la distanciation, je ne pense pas que je suis distant de mes personnages, ceux-ci ne sont autres que mes «chargés de missions» qui sèment l'amour, quêtent la sagesse et incarnent l'humanisme personnifié autant que faire se peut. L'amour est le thème central de vos livres. L'amour fait rêver, mais ne fait pas vivre. Etes-vous de cet avis? L'amour ne fait pas vivre? Mais si! L'amour est l'âme du monde et l'énergie de la vie; un sentiment qui rend l'existence utile et nous pousse à nous surpasser, nous parfaire et réussir davantage. L'amour purifie les coeurs et booste les hommes à une meilleure osmose. En famille ou au travail, l'amour demeure ce lien indéfectible qui rassure les esprits et donne à notre quotidien un train serein, voire succulent. Parlez-nous de votre expérience d'éditeur... Je suis auteur et éditeur et je me sens comme un poisson dans l'eau. L'édition est une aventure qui me passionne et j'ose faire de mon mieux pour fournir au lecteur algérien les meilleurs ouvrages et les plus talentueuses plumes. «Belles-Lettres» ouvre ses portes aux auteurs de poèmes, de nouvelles, de romans, d'essais, de bandes dessinées et de beaux livres. Notre maison d'édition se veut une ode aux mots, un espace d'expression des cultures et un trait d'union entre les peuples. Pouvez-vous nous parler de votre prochain roman? Il sera sur les étals dès janvier et s'intitule Au nom de Zizou! Ce roman est une fable destinée aux lecteurs âgés de 10 à 110 ans; la trame s'articule autour de la fabuleuse carrière de Zizou racontée par un enfant dont l'innocence nous fait apparaître le football telle une religion dont Zizou est bien le prophète! Partant de là, ce roman est un pamphlet contre les dérives des passions sportives qui font le lit des fanatismes et autre hooliganisme. Un dernier mot? Il est difficile pour un débutant de conclure tant le chemin est encore long. Mais je dois dire que l'édition est un créneau fragile qui mérite les encouragements de l'Etat, et des hommes de culture eux-mêmes. Aussi, l'école doit renouer avec sa vocation originelle, c'est-à dire un noyau où se forment les lecteurs et où s'aiguisent les curiosités; deux passions qu'on peut assouvir à travers les livres, entre autres.