Le boulevard Larbi-Ben M'hidi a connu une vive animation, jeudi soir, en raison de l'ouverture de cet événement phare qui se tiendra jusqu'au 23 décembre. Le Festival du film arabe d'Oran dans sa 4e édition a enfin eu lieu jeudi soir dans un semblant d'atmosphère festive. Exit le Théâtre régional d'Oran, mais place à une salle de cinéma rénovée pour la circonstance, flanquée à son entrée du tapis rouge et crépitements de flash d'une ribambelle de photographes, avec une foule de policiers tout autour qui veillent à disperser les curieux. La salle de cinéma Le Maghreb, fraîchement réceptionnée, accueillait les invités et autres stars du festival dans une ambiance bon enfant, le crépitement du baroud en moins comme le voulait la tradition lors des précédentes éditions. Une édition hivernale sera-t-elle synonyme du retour du public vers les salles obscures? Bien que ce dernier n'ait jamais boudé ce festival, faut-il l'avouer, mais a toujours répondu présent. Il constitue, en effet, un des points forts de cette manifestation. Point de plage. Sera t-il plus nombreux cette année? En cette 4e édition, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, est absente. Elle est représentée par son porte-parole Zehira Yahi. C'est la journaliste, animatrice vedette d'une émission télé spécial cinéma, Asma Etim, présentée comme présidente d'honneur du festival qui ouvrira la cérémonie. Une ouverture somme toute sobre pour annoncer, dans un arabe aux accents orientalistes, 13 films en compétition dans la catégorie long métrage et 21 dans le court. Et d'inviter les membres du jury à prendre place sur scène. Présidé par Rachid Boudjedra, le jury long métrage est ainsi composé de la star Suzan Najemdine de Syrie, Hilda Zoreikat, de Jordanie, Colette Noufal, du Liban, absente ce soir-là, Rabii El Zammouri, de Tunisie, Ahmed Boughaba, du Maroc et Omrane Saleh, de Bahrein. Quant au court métrage, le jury présidé par le réalisateur tunisien Ibrahim Letaïef, est constitué de Mohamed Salem Ould Dendou, de Mauritanie, Dima Kandeleft, de Syrie, Abdallah Hassan Ahmed, des Emirats arabes anis et Mohammed Nadif du Maroc. Et place, comme le veut la tradition, à la séance des hommages. Malade donc n'ayant pu faire le déplacement, c'est par téléphone que la comédienne koweitienne, Hayet El Fahd, remerciera son public. C'est donc le commissaire du festival, Mustapha Orif qui ne pipera mot, lors de la soirée d'ouverture, sans doute, car ne maitrisant pas la langue d'El Moutanabi qui recevra le précieux cadeau des mains de Zehira Yahi. Place ensuite à l'hommage des plus émouvants de la soirée, celui rendu à Lla Aïni, alias Chafia Boudrâa qui n'hésitera pas à s'agenouiller par terre pour dire toute sa gratitude auprès du public algérien qui le lui a bien rendu en l'applaudissant à tout rompre. Une standing ovation à une star du cinéma algérien, une diva qui, à 80 ans, n'a rien perdu de sa superbe, et qui vient d'être couronnée pour sa riche carrière, que ce soit à la radio, la télé ou le cinéma. Un hommage qu'elle dédiera à tous les Algériens. En mettant en exergue l'adage qui dit, «Il ne faut pas oublier l'ombre, elle est aussi importante que la lumière», elle évoquera tous «ces soldats de l'ombre», qu'ils soient dans les ministères, le gouvernement, l'armée, ou encore dans le secteur du 7e art tels les réalisateurs, les comédiens qui oeuvrent pour la réussite du cinéma en Algérie. Sa pensée ira ainsi à tous «ceux qui contribuent à faire réussir le cinéma algérien. Et il a réussi!». A la nouvelle génération censée assurer la relève, elle lancera ce message: «On vous a transmis un flambeau à moitié allumé, faites en sorte qu'il soit ravivé!» Evoquant sa participation dans le film Hors-la-loi, de Rachid Bouachareb, elle dira «Il faut penser aux gens qui ont souffert durant la Guerre d'Algérie. On a fait des films dans ce sens, mais on n'en fera jamais assez, j'espère que la nouvelle génération en fera davantage» et de clore son discours par: «Les Français m'ont surnommée la mère des Algériens, Rachid Bouchareb m'a transformée en mère de l'Humanité.» Le troisième hommage a été rendu à feu Ammi Larbi Zekal, en présence de ses deux filles. La dernière allocution pour annoncer officiellement l'ouverture de la 4e édition du Festival du film arabe d'Oran est revenue au secrétaire général du wali, Abdelghani Fillali. Place enfin à la projection du film Hors-la-loi qui a fait couler beaucoup d'encre cette année. Son réalisateur algérien, Rachid Bouchareb, n'a pu faire le déplacement à Oran, car retenu aux USA afin d'assurer la promotion de son film, en prévision de sa sélection à la liste des Oscars et la préparation de son prochain film qui sera tourné en Amérique. Pour rappel, Hors-la-loi a été le récipiendaire d'une double distinction au 18e Festival international du film arabe, à savoir une médaille d'or et le Prix du meilleur film arabe. Notons enfin, que l'ancien commissaire du festival et actuellement ambassadeur d'Algérie en Roumanie, Hamraoui Habib Chawki, contrairement à ce qu'il a été annoncé officiellement, n'est pas venu à Oran. Il est bon de noter, pour finir, que les projections des films en lice pour l' Ahaggar d'or ont débuté hier matin, soit les courts métrages à la cinémathèque d'Oran et les longs métrages au cinéma Esaâda et le cinéma Le Maghreb.