Abdelhamid Mehri est revenu sur les positions politiques du moudjahid chez qui «le facteur sentiment et relations personnelles n'a pas de place». Plusieurs personnalités et compagnons du moudjahid Saâd Dahlab ont témoigné, hier, au siège du journal El Moudjahid sur son parcours lors de la rencontre organisée par l'association Michaâl Echahid à l'occasion du 10e anniversaire de la mort de cet ancien ministre des Affaires étrangères du Gpra. D'emblée, M.Belkhodja Amar a regretté le fossé creusé entre la jeunesse algérienne et la mémoire de ceux qui ont libéré le pays du joug colonial. «Cela est inquiétant dans la mesure où l'anniversaire de la mort de Saâd n'est même pas célébré dans sa ville natale, Ksar Chellala à Tiaret où même la radio locale de cette wilaya a fait l'impasse sur cet évènement», a-t-il constaté. L'intervenant qui a estimé que Saâd Dahlab a accompli son devoir vis-à-vis de la Révolution nationale, a raconté la vie du moujahid depuis sa naissance en 1919 jusqu'après l'Indépendance. M.Belkhodja qui a insisté sur les qualités militantes du moudjahid, a rappelé que Dahlab, mort un certain 16 décembre 2000, avait rejoint le PPA en 1944 après sa rencontre avec Messali Hadj. En 1948, le moudjahid est candidat à l'Assemblée nationale et en 1953 il devient membre du comité central du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld) avant de rencontrer l'architecte de la Révolution, Abane Ramdane en 1955 et devenir, par la suite, membre du Comité de coordination et d'exécution (CCE), puis, il succéde à Krim Belkacem, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). L'orateur qui a souligné que Saâd Dahlab avait un langage tranché et violent quand il dénonçait le colonialisme, a précisé que ce dernier avait été contre la répression exercée par Boumediene sur les chefs historiques durant son règne. De son côté, Abdelhamid Mehri est revenu, dans son intervention, sur les positions politiques du moudjahid avant et durant la Révolution. Il dira, à ce propos, que Dahlab avait des positions justes, courageuses et où le facteur sentiment et relations personnelles n'a pas de place. Ainsi, son attachement et son grand respect à Messali Hadj, comme c'était d'ailleurs le cas de plusieurs autres moudjahidine tel Mustapha Ben Boulaïd, ne l'ont pas empêché d'adopter une position contraire à celle du chef du PPA concernant la lutte armée pour la libération du pays. «Il n'avait pas pris en considération les sentiments et il avait pris une position courageuse en lui montrant qu'il n'était pas d'accord avec lui (Messali Ndlr)», a déclaré Mehri. Dahlab, a ajouté Mehri, n'était pas contre la lutte armée. L'intervenant revient au contexte de l'époque pour expliquer les contours de cette position. «Avant le déclenchement de la guerre, il y avait un grand débat et la majorité des membres du PPA n'étaient par contre la lutte armée. Dahlab posait des questions relatives aux moyens de lutte et aux conditions de passer à cette étape», a affirmé l'ancien secrétaire général du FLN. Ce dernier ajoute que Dahlab était pour l'option de rapprochement avec le Maroc et la Tunisie pour mener des actions simultanées et donner une dimension plus large à la guerre. Une autre position politique de Dalab évoquée par le conférencier est celle liée à la crise au CCE et le conflit opposant Krim à Abane après l'exil imposé au comité. Selon Mehri, Dahlab avait adopté l'approche de rapprochement entre les parties en conflit pour dépasser la crise. Le conférencier s'est attardé, en outre, sur les Accords d'Evian qu'il qualifie d'une grande victoire de la Guerre d'Algérie. Il dépeint le contexte général de l'époque en soulignant que les négociations étaient difficiles notamment à l'intérieur du pays. En effet, à l‘époque, un grave conflit opposa le Gpra à l'armée qui avait émis des réserves sur les négociations et certains étaient pour la poursuite de la lutte armée. Estimant que la date de naissance de l'Etat algérien était le 19 septembre 1958 (naissance du Gpra), Abdelhamid Mehri a regretté l'exclusion de Dahlab après l'Indépendance.