Une foule immense est venue faire un ultime adieu à ce moudjahid et militant de la démocratie. Aâmi Salah n'a jamais été animateur de la radio égyptienne Sawt El Arab comme cela a été rapporté par certains titres de la presse nationale. «C'est en empêchant ses compagnons de détruire des poteaux de télécommunications, pour pouvoir, m'a-t-il confié un jour, poursuivre les programmes de cette radio, qui faisait office de porte-parole des moudjahidine que Salah Boubnider fût surnommé depuis Sawt El Arab»,«c'était lors d'une embuscade dressée contre des éléments de l'armée coloniale, sous sa férule, par les combattants de la wilaya II», nous a raconté un proche que nous avons rencontré, hier, au sortir du cimetière de Sidi Yahia à Alger, où Salah Boubnider, décédé vendredi 27 mai dans un hôpital parisien, a été inhumé hier. Une foule compacte s'était agglutinée dès la fin de la matinée aux pourtours du cimetière sous une chaleur de plomb. Tous sont venus faire un ultime adieu à cet homme à la fois moudjahid, militant de la liberté et de la démocratie... qui a mis sa vie au seul service de l'Algérie. Parmi cette foule silencieuse, l'on a pu remarquer la présence de nombreuses personnalités politiques, artistiques, militaires, partisanes. Ahmed Ouyahia, accompagné de plusieurs ministres était de la partie. Le chef de l'état-major de l'ANP, le général Gaïd Salah, n'a pas, non plus, manqué à ce rendez-vous au même titre que d'anciens hauts officiers comme l'ex-général Khaled Nezzar qui s'est distingué par sa présence : «C'est un grand homme qui a marqué la révolution», nous dit ce dernier sans vouloir s'étaler plus sur le sujet. Il y avait aussi parmi les présents le général Mohamed Touati, conseiller militaire à la présidence de la République, Saïd Bouteflika, le frère du président, l'ancien chef de gouvernement Mokdad Sifi. Des «copains» du défunt, l'on a compté son fidèle ami et compagnon de guerre, le commandant Azzedine: «L'Algérie a perdu un grand combattant et un militant de la liberté et de la démocratie. Vous savez qu'il a été le seul colonel à pouvoir préserver la région qu'il dirigeait des purges dont ont été victimes de nombreux moudjahidine. Après 1962, il a milité pour les libertés et les droits de l'homme», nous a-t-il indiqué. Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (Laddh), évoque, lui, les déconvenues et les déboires que le défunt avait vécus avec plusieurs responsables du pays en raison de ses prises de positions franches qu'il a des années durant manifestées. Pour Mokrane Aït-Larbi, «l'homme qui était mon collègue au Conseil de la nation a été un homme d'un rare courage et d'une grande générosité». Mais à Sidi-Yahia, il était toutefois difficile de parler de Boubnider en passant outre son côté opposant. Celui qui, rappelle-t-on s'était dressé dès les premières heures de l'indépendance à Ben Bella, alors premier président de l'Algérie indépendante: «En 1962 c'était la fin du FLN rassembleur. Je lui avais demandé en vain de se tenir neutre vis-à-vis de la crise politique qui déchirait le pays au lendemain de son indépendance. C'est un homme qui refuse le silence. Il est connu pour ses prises de positions assez abruptes», témoigne Abdelhamid Mehri à qui on avait donné la lecture de l'oraison funèbre.