El Moudjahid est loin d'être un journal ordinaire, mais un élément qui a contribué à renforcer les idées de la révolution algérienne », a souligné jeudi à Alger, le premier responsable du journal El Moudjahid et ancien chef de gouvernement, Rédha Malek. Intervenant lors d'une conférence-débat, organisée par le quotidien, à l'occasion du 50e anniversaire de sa création, M. Malek a insisté sur le rôle prééminent du journal, considéré comme étant « une école de militantisme et de combat » durant la guerre de Libération. M. Malek a mis l'accent sur le rôle de cette publication dans les domaines « politique et idéologique » pour le combat des idées. Cela, en rendant hommage à ses fondateurs, notamment Abane Ramdane, Saâd Dahleb, Benkheda et à ceux qui avaient « collaboré et milité par leurs écrits » à El Moudjahid, en citant au passage Frantz Fanon, Pierre Cholet, Abdellah Chriet et Larbi Ben M'hidi qui ont mené, selon lui, « un combat de la pensée ». Car, a-t-il estimé, « l'Etat national ne se construit pas uniquement par les armes, mais aussi par la pensée. » Pierre Cholet, qui était parmi l'assistance aux côtés d'autres anciens journalistes d'El Moudjahid, a été chaleureusement applaudi par Rédha Malek pour « son esprit militant qui n'a pas changé d'un iota ». Cholet a gardé sa foi en l'Algérie, selon lui. L'ancien chef du gouvernement a fait remarquer également que « le journal a donné à la révolution algérienne une force de rayonnement à travers le monde ». Rédha Malek a rappelé en ce sens les principes que défendait le journal, à savoir « l'indépendance en tant que doctrine en se basant sur la Déclaration du 1er novembre 1954 et le contenu de l'indépendance qui consistait en la défense de l'Etat algérien et surtout sa souveraineté ». Aux yeux de M. Malek : « Dans une commémoration comme celle-ci, nous devons nous souvenir de tous les repères qui ont restauré la souveraineté. » Pierre Cholet, un des rédacteurs à El Moudjahid et militant de la cause algérienne durant la révolution, a fait savoir que « durant cette période, nous n'attendions pas d'instructions » mais, a-t-il précisé : « Nous réfléchissions et nous nous exprimions en tant qu'intellectuels révolutionnaires. » Pour sa part, dans une déclaration écrite, dont El Watan a reçu une copie, l'ancien secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelhamid Mehri, a estimé que « le parcours du quotidien El Moudjahid, même s'il ne fut ni facile ni parfait, constitue une expérience à étudier ». Pour M. Mehri, l'évocation des sacrifices consentis par El Moudjahid « implique d'appeler à un traitement radicale de la crise, notamment ses causes profondes et son impact politique, tout en allégeant ses répercussions humaines et sociales ». Il a rappelé que la démarche visant le traitement de la crise est celle qui ouvre la voie à l'édification du véritable Etat démocratique et à la consécration de l'unité du Maghreb arabe. « Ces objectifs, qui demeurent en suspens depuis le projet de révolution contenu dans la Déclaration du 1er Novembre, figurent parmi les aspirations du peuple algérien », a-t-il dit. Abordant le rôle du journal durant la guerre de libération, M. Mehri a estimé que celui-ci « était le reflet sincère de la guerre de Libération sous la direction du FLN et s'était attelé à consacrer, sur le terrain, les orientations majeures de la révolution dans le domaine de l'information ». « Depuis l'indépendance jusqu'à d'aujourd'hui, El Moudjahid fut, en outre, le reflet sincère des différentes étapes du système politique », a fait savoir M. Mehri. Pour lui, le quotidien demeure une source inépuisable pour tous les analystes de la scène politique de l'Algérie post-indépendance, en appelant à la mise en place d'une banque de données destinée aux historiens et aux chercheurs. Des anciens directeurs du journal ainsi que d'anciens sportifs ont été honorés au terme de cette rencontre. Une exposition de photos et d'exemplaires des premiers numéros du journal, durant les années 1950 et 1960, a été organisée au siège d'El Moudjahid. El Moudjahid a été créé en juin 1956 par le Comité de coordination et d'exécution (CCE) où Abane avec Ben M'hidi avaient joué un rôle important. Rédha Malek a rejoint la tête d'El Moudjahid en juillet 1957, à partir du n°8, jusqu'en 1962. Le journal, qui paraissait en deux versions, français et arabe, était d'abord édité à Tétouan (Maroc) avant d'être transféré à Tunis.