Quatre intervenants, notamment de Tunisie, de Syrie et d'Algérie, ont donné leur point de vue sur la question. Si le cinéma est un tout, la musique fait partie intégrante de cet ensemble, elle l'étaie, le souligne et bien souvent, vient sublimer en amont des images pour exprimer par les notes, et le rythme du film, le pouls des personnages et l'évolution des situations. Pour en savoir plus, le Festival du film arabe à organisé avant-hier à la cinémathèque d'Oran, une conférence portant, à juste titre, sur le rapport étroit qu'entretient la musique avec le cinéma. Pour en parler, quatre invités et non des moindres, donneront, chacun selon sa propre perception des choses et expérience, son avis sur la question. Pour le Syrien Redouane Nasri, la musique de films dans les pays arabes est de moindre importance, car dit-il «la musique d'un film en Europe coûte l'équivalent d'une dizaine de feuilletons en Syrie par exemple. Dans les pays arabes, elle est considérée comme un bouche-trou. «On lui demande juste de remplir le vide. Parfois elle est là pour combler le mauvais son» et de déplorer le fait qu'elle ne soit pas distribuée sur le marché. Un peu poétique comme présentation, l'intervenant dira que «la musique est une âme qui vit en nous. Elle est parfois ce silence pénétrant, car l'homme possède sa propre mélodie intérieure». Pour sa part, le Tunisien Rabie Zemmouri, qui a signé la musique du film l'Envers du miroir de Nadia Cherabi, fera d'abord un bref historique de la naissance de la musique de cinéma en remontant notamment, à l'époque gréco-romaine, tout en évoquant les pièces de théâtre de Shakespeare qui devait utiliser de la musique dans ses pièces. Pour notre Tunisien, la musique est apparue dans les tableaux chorégraphiques avant d'être appliquée aux images cinématographiques. «La musique est un art de distantiation, elle doit exprimer les sentiments, elle doit nous aider à faire travailler notre imaginaire, à la hauteur de la poésie, c'est ce qui fait sa valeur.» Abordant, quant à lui, ce domaine qu'il connaît bien pour avoir signé plus de 60 musiques de films, Safy Boutella dira être arrivé à la musique de films, car il aimait d'abord le cinéma, c'est pourquoi il s'est dirigé au tout début vers cette branche qui lui a permis de côtoyer de grands cinéastes algériens. «La musique de film a contribué à enrichir mon répertoire. C'est un art appliqué au cinéma, elle dynamise mon inspiration. J'aimerai reprendre mon travail de compositeur de musique de films pour mon pays». Safy Boutella, qui vient de signer la musique du film La Cinquième corde de Selma Bargach (pas encore sorti) sur la musique andalouse notamment, soulignera, lors du débat, son envie de voir se multiplier les créateurs et compositeurs en Algérie. «Cela ne me fait pas plaisir d'être le meilleur, seul, l'on est meilleur uniquement quand on est plusieurs...» Soulignant l'absence de formation dans ce domaine, il fera remarquer, dépité, que son projet de créer une école de musique en Algérie date depuis six ans et que son dossier doit se trimballer de la Présidence au ministère de la Culture et vice versa, en vain. «Cela veut dire qu'on ne veut pas voir les jeunes Algériens heureux», conclut-il. Enfin, la dernière intervention a été celle du compositeur algérien et commissaire du fameux Festival de chaâbi qui évoquera la vie et l'oeuvre du grand compositeur, feu Ahmed Malek, disparu en 2007, auquel on doit notamment la musique du très populaire long métrage Les Aventures de l'inspecteur Tahar.