Quelque 55.000 Sud-Soudanais déplacés dans le Nord du Soudan sont revenus ces dernières semaines dans leur région d'origine en vue du référendum du mois prochain sur l'indépendance du Sud-Soudan, a indiqué hier le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). «Ces dernières semaines, environ 55.000 déplacés sont revenus dans les Etats du Sud, principalement dans l'Etat d'Unity», a expliqué Adrian Edwards, un porte-parole du HCR, lors d'un point presse. «Les Etats du Haut-Nil, du Nord Bahr-El-Ghazal, du Jonglei et du Nord Bahr et du Warrap ont aussi enregistré un important nombre de retours», a-t-il ajouté. Il a précisé que des milliers d'autres déplacés sud-soudanais encore installés dans des camps des environs de la capitale soudanaise Khartoum étaient prêts à partir. Certains voyagent «par route, en train ou en avion» en empruntant des moyens de transports mis à disposition par les autorités du Sud-Soudan, a décrit M.Edwards. Les Soudanais du Sud doivent choisir entre le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou la sécession, lors du référendum prévu le 9 janvier. Ce scrutin est le point d'orgue de l'accord de paix ayant mis fin, en 2005, à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, un conflit ayant fait environ deux millions de morts. Le Sud-Soudan abrite déjà 215.000 déplacés, selon le HCR qui estime que l'arrivée, ces dernières semaines, des milliers de Sud-Soudanais venus du Nord va «mettre à rude épreuve la situation humanitaire déjà fragile». La malnutrition constitue un des problèmes majeurs de la région où 90% des 9 millions d'habitants sont confrontés à la pauvreté, vivant avec moins d'un dollar par jour, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Quelque 1,2 million de personnes ont eu besoin d'une assistance pour se nourrir en 2009, selon l'Unicef pour qui le référendum pourrait aggraver une situation humanitaire déjà compliquée par «les inondations, la sécheresse, des conflits intertribaux ou encore les attaques de la LRA», la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur. Face à l'arrivée des déplacés dans le Sud-Soudan, le HCR a «mobilisé ses ressources pour faire face à l'augmentation des besoins en mettant de côté de l'aide humanitaire, notamment dans les pays de la région», a indiqué M.Edwards. Les analystes pronostiquent un triomphe de l'option indépendantiste au referendum. Dimanche, le président soudanais Omar El Bechir a déclaré que la chari'â, deviendra «l'unique source de la Constitution» du Soudan «en cas de sécession» du Sud. Le Nord est à majorité musulmane tandis que le Sud comprend de nombreux chrétiens et animistes. Depuis la signature de l'accord de paix entre l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et le gouvernement soudanais en 2005, environ deux millions de personnes déplacées sont revenus au Sud-Soudan. Environ 330.000 réfugiés qui s'étaient installés à l'étranger sont également revenus au Sud-Soudan, selon le HCR.