Le directeur de la police judiciaire s'est déplacé à Constantine pour enquêter sur la mort d'un homme dans un commissariat. La mort d'un détenu lors de sa garde à vue dans le commissariat central de Constantine est qualifiée d'«une négligence grave» par le rapport d'une enquête administrative interne. C'est ce qu'a déclaré le directeur de la police judiciaire de la Dgsn, Aziz El-Affani, qui était hier, l'invité de la rédaction de la Radio Chaîne III. Ainsi, l'enquête préliminaire ou administrative déclenchée suite à la mort d'un détenu à l'intérieur des locaux de la police «a conclu à une négligence grave», a affirmé l'invité de la Radio nationale. Le responsable de la police judiciaire n'a pas voulu dévoiler tout le contenu de l'enquête «pour ne pas entraver son déroulement, toujours en cours». Il s'est contenté de nier l'assimilation de cette bavure policière à «une garde à vue abusive assimilée à une atteinte aux droits de l'homme commise dans les locaux de la sûreté de la capitale de l'Est». Néanmoins, le directeur général intérimaire de la Sûreté nationale, Aziz El-Affani dit que «les auteurs de cette négligence seront sanctionnés». Que s'est-il passé réellement? Le même responsable, amené à se déplacer sur les lieux en tant qu'enquêteur en chef dans cette affaire, explique: «En date du 16 décembre en cours, une patrouille de la police ayant reçu des informations sur la présence d'une bande d'agresseurs au niveau des arcades romaines, a effectué une ronde sur les lieux. Sur place, les policiers ont arrêté un quadragénaire suspect et affichant des airs menaçants, selon les agents de la police. La suite est connue, le détenu a été retrouvé inerte sans vie avec des lacets autour du cou.» Cette affaire qui a défrayé la chronique dans la ville des Ponts depuis le 17 décembre dernier, n'a pas livré tous ses secrets. L'enquête menée par la direction générale de la Sûreté nationale, dont le directeur central de la police judiciaire, n'a toujours pas communiqué de résultats définitifs. La section de Constantine de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme a été informée par la famille de T. Kamel, âgé de 41 ans, et que celui-ci était décédé jeudi soir au siège de la Sûreté de wilaya dans sa cellule où il a été retrouvé étranglé à l'aide des lacets de ses souliers. La victime avait été arrêtée par des policiers durant la même soirée au niveau des arcades romaines près de l'université Mentouri. Le jour suivant, soit vendredi, lors de la reconnaissance du corps de la victime par un membre de sa famille, «il a été constaté sur la dépouille des traces de violences au niveau du pied et du bassin, de même qu'un oedème à l'oreille et des marques de lacets au cou». La Laddh, qui estime que cette affaire est très grave, plaide pour une enquête indépendante et approfondie à l'effet de faire toute la lumière sur les circonstances de l'arrestation du défunt, sa mise en détention, les raisons exactes de son décès et de situer les responsabilités dans ce drame. Le responsable de la police judiciaire a annoncé au micro de la Radio nationale que 97% des affaires traitées par leurs services relèvent de la criminalité ordinaire. Le crime organisé ne représente qu'un taux de 2,4% tandis que le reste des affaires, soit 0,6% est lié au terrorisme. Dans ce contexte, deux individus soupçonnés d'activer pour le compte d'Aqmi ont été arrêtés et présentés devant le parquet, récemment à Alger, fera-t-il savoir. Abordant la question relative au phénomène des agressions en plein jour conjugué à l'absence d'intervention des policiers, Aziz El-Affani souligne que 90% des affaires d'atteintes aux personnes ont été élucidées. Cependant, poursuit-il, la Dgsn a noté un déficit dans la prise en charge des atteintes aux biens. Néanmoins, à cet effet, «la capacité de la police sera renforcée en matière de traitement de ce genre d'affaires», a-t-il annoncé. Outre les deux réseaux de trafic de monnaie ciblant l'Algérie à partir de l'Italie et de la France qui ont été démantelés à l'étranger, «trois réseaux locaux de trafic de billets de banque dont deux à Mostaganem et un à Annaba, ont été démantelés par les services de la police durant l'année en cours», a-t-il révélé. Evoquant la corruption, le premier responsable de la police judiciaire a reconnu que «5 à 6 affaires de corruption ont éclaboussé les structures de la police».