A défaut de voitures, Renault continue de vendre du rêve aux Algériens. En 2011, ce sont de nouvelles négociations qui sont au programme. Renault fait toujours courir les Algériens sans qu'il ne parvienne à concrétiser le projet d'usine de véhicules. Pour preuve, même les officiels n'ont qu'une phrase à la bouche pour signifier qu'aucune avancée n'est enregistrée. Les discussions avec le constructeur automobile français pour l'implantation d'une usine de montage en Algérie sont toujours en cours, se plaisent-ils à répéter chaque fois qu'ils sont interrogés sur le sujet. Jeudi dernier, c'est encore le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, qui s'est plié au rituel. C'était en marge d'une séance plénière au Conseil de la Nation dédiée aux questions orales. Selon le ministre, Renault consent au principe d'une rencontre qui réunira les deux parties à la mi-janvier 2011. Ce sera dans moins d'un mois. Organiser une réunion ne veut pas dire qu'il faudrait s'attendre à un miracle. Jusqu'à présent, aucune réponse définitive n'est donnée par les Français qui font traîner les choses en longueur, jetant de sérieux doutes sur leur volonté réelle de passer à la phase d'exécution du supposé projet. Même à juger probable qu'ils ont réellement l'intention de s'installer en Algérie, ils ne le feraient que suite à un chantage sur les conditions de cette implantation. En exigeant, notamment l'arrêt des importations des véhicules. Mais le chômage et le contexte de crise en France ne plaident pas en faveur des groupes qui désirent investir à l'étranger. Hommes politiques et électeurs faisant peser sur eux des pressions pour qu'ils créent de l'emploi dans le pays d'origine. Pour l'Algérie, les responsables de Renault préfèrent différer à l'infini leur projet se contentant de déclarations sans lendemain. L'explication du ministre est claire: «Nous sommes au stade d'échanges d'informations», dit-il. Benmeradi ajoute qu'il y a eu les premières manifestations des Français de reprendre les négociations. Sans plus. Le dossier est donc à l'étude. «Renault est en train de préparer des dossiers pour répondre à un certain nombre de nos interrogations. Nous-mêmes sommes en train de préparer des réponses à un certain nombre d'interrogations posées par la partie française», a-t-il ajouté. Les exigences de l'Algérie dans le cadre des négociations avec Renault sont claires. «Nous exigeons à ce que le projet ne soit pas uniquement une usine de montage, mais une véritable usine de fabrication de véhicules avec un taux d'intégration progressif, permettant à la sous-traitance algérienne de participer au projet.» Tel est le tarif de départ. Puis vient l'exigence du partenaire étranger de s'engager avec l'Algérie financièrement dans l'investissement, et qu'il n'apporte pas uniquement sa marque et son label. La position du pays est résumée en une phrase. Celle énoncée par le ministre qui la déclame dans ces termes: «Nous voulons qu'il s'implique.» Mais le chapelet de conditions posées laisse penser le contraire. «La partie française a posé également certaines conditions qui ont trait notamment à la protection du marché national de l'automobile et à la suppression de l'importation de véhicules». Une telle ingérence dans les affaires intérieures du pays ne saurait être acceptée par le ministre. Ils exigent un certain nombre de garanties «que nous ne pouvons pas leur donner, des garanties de protection du marché et qu'il n'y ait plus d'importation de véhicules, etc.», est-il expliqué. Benmeradi concède toutefois, que «ce sont là les questions sur lesquelles nous travaillons». Même abordé à un haut niveau entre les officiels des deux pays, les freins sont toujours là. Lors de la visite à Alger, fin novembre dernier de Raffarin, envoyé spécial du président français Nicolas Sarkozy, le dossier de l'implantation d'une usine Renault en Algérie, avait été effectivement abordé. Mais sans aucun engagement. Benmeradi confirme que les détails de l'investissement ne sont pas encore arrêtés. Il n'y a que le principe qui est retenu. Mais une déclaration d'intention ne fait pas 75.000 véhicules: chiffre estimé de la production annuelle. Avec un taux d'intégration de l'industrie nationale de 40% étalée en quatre ans et une première en 2012. En une année, tous les détails devraient être réglés. Au train où évoluent les choses, il vaut mieux ne pas trop rêver.