Il faut que l'Etat réquisitionne les logements détournés, a préconisé Mme Hanoune. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est exprimée, hier, sur le vent de colère qui a gagné ces derniers jours plusieurs quartiers d'Alger. «La colère des citoyens est légitime», a-t-elle martelé lors de la présentation du rapport d'ouverture de la session du bureau politique du PT, au siège du parti à Alger. Mme Hanoune a dressé un tableau peu reluisant de la situation qui prévaut en matière de logement à l'échelle nationale. «Les besoins se situent autour de 6 millions de logements», a-t-elle estimé. Elle a dénoncé les conditions précaires dans lesquelles vivent des centaine de familles. «Il est inadmissible que des maisons d'une pièce et cuisine continuent à abriter plusieurs familles à la fois», a fulminé Mme Hanoune, allusion faite aux habitants des quartiers populaires d'Alger. Elle a rappelé les engagements pris par le président de la République pour l'amélioration de l'accès du citoyen au logement. «Les aides multiformes consenties par l'Etat pour faciliter l'accès des citoyens au logement doivent être maintenues», a déclaré, en début septembre, le chef de l'Etat. Seulement, l'opération de relogement effectuée ces derniers jours par la wilaya d'Alger s'est déroulée sur fond d'émeutes. Plusieurs quartiers populaires se sont embrasés: Diar Echems, Laâqiba, Baraki et la cité des Palmiers à Bachdjarrah. Les heurts entre les manifestants et les éléments de la police antiémeute ont été violents et se sont soldés par l'arrestation de plus de 60 personnes et des dizaines de blessés. La répression des contestataires a été vivement condamnée par Mme Hanoune. «Il faut appliquer des mesures d'urgence pour atténuer cette colère», a préconisé la dame de fer du PT. Elle a en fait, mis l'accent sur le squattage massif dont ont fait l'objet les logements réalisés par l'Etat au profit des familles dans le besoin. «Des logements LSP (Logement social participatif) et Aadl (Agence d'amélioration et de développement du logement) ont été détournés», a dénoncé Mme Hanoune. Elle a préconisé l'application de la prérogative de réquisition par l'Etat pour les récupérer. Elle a, également, regretté le déphasage existant entre les statistiques étatiques et la réalité du terrain. Cela dit, la pasionaria du PT a salué les efforts consentis par l'Etat pour endiguer la crise du logement. «Il y a un million de logements qui ont été réalisés. Deux millions sont inscrits dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Cela est important», a soutenu Mme Hanoune. A ce titre, elle a rappelé que la crise du logement est le résultat d'erreurs d'orientations politiques cumulées depuis des décennies. «Aujourd'hui, il est impératif de faire une rupture totale avec ces orientations», a-t-elle tranché. Par ailleurs, Mme Hanoune s'est vivement élevée contre une rumeur faisant état, ces derniers jours, de la démission de 50 militants du PT à Annaba. «Deux personnes ont colporté ces rumeurs. L'un est un fou et l'autre un escroc notoire», a-t-elle accusé. La conférencière a mis en exergue l'agitation qui gagne certaines formations politiques à l'approche des rendez-vous électoraux. «Attention à la mafia des élections!», a-t-elle averti. Le PT se prépare-t-il, pour sa part, aux prochains rendez-vous électoraux? Mme Hanoune a été catégorique sur cette question. «Le débat sur ces échéances ne figure pas à l'ordre du jour de nos travaux. Nous ne sommes pas une machine électorale», a-t-elle tranché. Sur un autre volet, Mme Hanoune a rappelé la nécessité de mener le combat pour maintenir «le processus de consolidation de la souveraineté nationale, enclenché depuis l'adoption des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009.» E cet effet, elle a insisté sur la sauvegarde du secteur public de sa dilapidation par les multinationales. Elle a cité les exemples d'Alvert spa, Engi et le complexe d'El Hadjar à Annaba. Optimiste, Mme Hanoune soulignera que l'année 2011 sera celle des luttes pour préserver les acquis démocratiques. «Le nouveau Code du travail est en cours de préparation. Il ne faut pas toucher aux libertés syndicales et au droit de grève», a-t-elle prévenu.