L'Orchestre national de Barbès (ONB) a animé mardi soir un concert riche en couleur à la salle Atlas d'Alger. Tel un arc-en-ciel avec des rythmes variés, métissage de styles musicaux et chants divers, la soirée qui représente le premier passage de l'ONB à Alger, même si le parcours artistique du groupe remonte à une quinzaine d'années, était un pur moment de bonne humeur, de détente et de danse sans limite. La salle a vibré pendant deux heures. Les artistes enchaînaient titre après titre avec une énergie fantastique, accompagnés des instruments tels le saxophone, bendir, basse, derbouka, karkabou, gumbri et claviers. La fusion des sons émanant de ces instruments, ajoutée aux chants et aux acrobaties des artistes, n'a pas laissé le public indifférent, mais a créé un climat original, empreint d'une synergie réussie. Des sonorités reggae, rock, gnawi, créole, manouche, jazz et, notamment alaoui ont constitué les airs et les rythmes que produisaient les douze musiciens qui accompagnaient des textes prônant l'amour, la paix et dénonçant le racisme ou encore la ségrégation. Avant de préparer la balance du son, Youcef Boukella, bassiste et fondateur du groupe, Kamel Tenfiche (percussions et chant) et Taoufik Mimouni (claviers) ont répondu à quelques questions de l'APS sur le parcours artistique de l'ONB, sa musique et sesperspectives. D'emblée, ils ont exprimé leur joie de pouvoir offrir au public algérois l'opportunité d'assister à leur concert et tenter ainsi d'effacer une «frustration partagée» avec leurs fans d'Alger, espérant l'organisation d'autres rencontres à l'avenir. «Bien sûr que ce n'est pas du tout ordinaire de se produire à Alger. Il y a un rapport beaucoup plus fort, car le public algérien porte en lui le patrimoine musical maghrébin. C'est comme si nous allons jouer de la musique à la maison», a confié Kamel.«Nous savons bien que la musique est un langage universel qui peut être compris par tout le monde, mais jouer de la musique sur scène à Alger, c'est différent étant donné que le public algérien se reconnait en notre musique et la comprend mieux», a estimé Taoufik, relevant que «c'est frustrant d'avoir animé des tournées artistiques, notamment dans des capitales européennes et jamais à Alger». «En réalité nous connaissons le public algérois parce que nous avons tous déjà joué à Alger dans le passé, mais à titre individuel, mais au nom de l'ONB jamais, raison pour laquelle nous espérons être à la hauteur de ce public ce soir», a relevé, de son côté, Youcef. A une question relative au départ de certains musiciens du groupe et leur remplacement par d'autres, Youcef a tenu à préciser que le «noyau dur du groupe est resté le même», estimant qu'il était «tout à fait normal ou naturel qu'un musicien décide de se lancer dans une carrière solo», comme ce fut le cas pour les chanteurs Fateh et Larbi Dida.