Les Algériens sont en contact avec les pirates somaliens pour la libération du bateau et de son staff. Qui aurait cru que les pirates somaliens, spécialisés dans le détournement des bateaux de passage au large de la Somalie et dans l'océan Indien, atteignent un jour l'Algérie? Epargné jusque-là, notre pays vient de faire, avant-hier, les frais de ces bandits de la mer, objet d'une guerre sans merci que leur livre la force navale antipiraterie de l'Union européenne, Atalante. C'est d'ailleurs, cette même force qui a annoncé, hier, le détournement de «Blida», un bateau-cargo algérien par les pirates somaliens, intercepté à 150 miles nautiques au sud-est du port de Salalah (Oman). Selon Toutsurl'Algérie, qui a répercuté cette information, le «Blida» avait à son bord 27 membres d'équipage, issus d'Algérie, d'Ukraine et des Philippines. «Au moment de l'attaque, le vraquier algérien, chargé, se dirigeait de Salalah vers Dar Essalem, en Tanzanie, où il devait livrer sa cargaison de 26.000 tonnes», précisent les forces européennes antipiraterie, ajoutant que les circonstances et les détails de l'attaque n'étaient pas connus. Après l'interception de ce bateau algérien transportant des céréales, l'on est en droit de se poser plusieurs questions. Pourquoi les autorités algériennes, à commencer par les instances habilitées, n'ont pas annoncé cette mésaventure et ont attendu que les forces européennes antipiraterie le fassent? Pourquoi le black-out total autour de cette affaire? En effet, au niveau de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) que nous avons jointe, hier pour avoir plus d'informations sur le détournement de ce bateau, on se dit non concerné par l'affaire. «On n'est pas concerné et je ne peux pas vous renseigner sur l'affaire», nous a-t-on répondu au sein de cette compagnie. Nous n'avons pas pu obtenir plus d'informations du ministère des Transports. D'autres sources nous ont confirmé que le céréalier intercepté par ces pirates appartient bel et bien à une entreprise mixte Cnan-Oaic (Office algérien interprofessionnel des céréales). Selon les mêmes sources, les Algériens étaient entrés quelques heures après le détournement en négociations avec les pirates somaliens pour la libération du bateau et de son staff. Pourquoi s'obstine-t-on donc au niveau de la Cnan à ne donner aucun détail sur cet acte de déprédation, qui est, faut-il le souligner, une affaire grave du moment que c'est pour la première fois que l'Algérie est concernée par une affaire de piraterie au large de l'océan Indien? Pour revenir aux pirates somaliens, il faut noter qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'un détournement ne soit signalé au large des eaux de l'océan Indien. Le 25 décembre 2010, c'est un cargo thaïlandais et son équipage de 27 marins qui ont été capturés dans l'océan Indien. Selon la force navale antipiraterie de l'Union européenne, Atalante, le MV Thor Nexus, propriété d'un armateur thaïlandais, a été attaqué par des pirates, à environ 450 miles nautiques au nord-est de l'île de Socotra. Le navire contient 20.377 tonnes. Parti du port de Jebel Ali dans les Emirats arabes unis (EAU), il faisait route vers le Bengladesh au moment de l'attaque. Selon les données de la force européenne antipiraterie, les pirates somaliens détiennent actuellement 28 navires et 654 personnes en otage.