Après 50 ans d'utilisation excessive des engrais, l'Europe s'est rendue à l'évidence de leur dangerosité alors qu'en Algérie, pas une seule amorce. Des légumes et fruits menacent la santé des consommateurs. L'utilisation des intrants chimiques tels les engrais, pesticides et produits phytosanitaires en sont les principales causes. Il est évident que le département de biologie de l'université d'Oran prend conscience de cette nouvelle donne mondialement reconnue. Bien qu'aucune alarme n'ait été donnée, le département, via le Dr Tsaki, anticipe en se mettant, d'ores et déjà, à la sensibilisation des consommateurs sur la nécessité de revenir à la consommation des aliments biologiques. De plus, il incite les chercheurs, biologistes et nutritionnels à intensifier et axer leurs recherches sur l'agriculture biologique. «Les dégâts irréversibles causés par l'agriculture classique, basée essentiellement sur l'usage excessif des produits chimiques, seront perceptibles d'ici 20 à 30 ans», a mis en garde le Dr Tsaki Hassini, professeur habilité en direction de recherches et président du séminaire international qui se tiendra, à la mi-février, et ce, en collaboration avec l'Unesco. Le thème consacré à cette rencontre de niveau international est «l'agriculture biologique et le développement durable». Au menu, un large programme comprenant des communications qui seront données par d'éminents spécialistes et chercheurs algériens, tunisiens et européens. Le professeur Tsaki est, contre toute attente, convaincu du rôle décisif des chercheurs déclarant qu'«il faut faire l'effort, expliquer aux gens et éclairer la société». Plusieurs raisons doivent être prises en considération en vue d'agir avant que des dégâts importants ne soient enregistrés. D'abord, il y a la nécessité de se mettre en harmonie avec les mutations internationales et les différents événements qui marquent les plus grandes capitales du monde, notamment européennes où la revendication concernant le retour aux aliments et à l'agriculture biologiques se développe, de plus en plus. Un nombre important des habitants du globe exigent la renaissance de l'agriculture biologique vu le caractère sain de ses produits. D'ailleurs, les écologistes et les Verts sont, de plus en plus, représentés en nombre dans les Parlements européens. Ce n'est pas un fait du hasard si le département biologie de l'université d'Oran se met au diapason avec l'Unesco et ses recommandations. «J'ai formulé une requête à l'Unesco, cette dernière a répondu favorablement en finançant le séminaire considérant que le programme élaboré à cet effet est salutaire vu qu'il est à la fois sensibilisateur et incitateur», a expliqué le Dr Tsaki avant de préconiser que «le but visé est la nécessité d'agir dès maintenant et non dans 20 où 30 ans». Et ce dernier d'ajouter quant à la cote d'alarme: «Toute la problématique est là d'où l'accumulation progressive des produits nocifs jusqu'à ce que la maladie se déclenche.» Selon le Dr Tsaki, «les scientifiques doivent apporter leurs connaissances dés maintenant». «La tomate est vendue à 80 dinars avec une couche de produits chimiques la couvrant», a indiqué le président du séminaire. Ce n'est là qu'un petit exemple d'une longue liste des aliments nutritifs produits par l'agriculture classique caractérisée par l'usage excessif des intrants chimiques, en l'occurrence les engrais, les nitrates, les produits phytosanitaires et les pesticides hautement nocifs à la santé du consommateur. Autant de questions sont, de ce fait, en droit d'être posées: quelle est la nature de l'aliment qu'on mange? Les légumes qu'on consomme constituent-ils la source de contamination? «Les seuils d'alarme sont publiés par l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS», a expliqué le Dr Tsaki. L'Europe s'est rendue à l'évidence après 50 ans d'utilisation effrénée des engrais. Des mesures, à la hauteur des événements qui se sont succédé, viennent d'actions graduelles pour le retour à l'agriculture biologique. Cette dernière représente un taux de 10% de la production agricole européenne et 08% de la production belge. En Algérie, il n'y a même pas eu l'amorce. «La filière de l'agriculture biologique n'existe pas faute d'un marché spécifique», a affirmé le Dr Tsaki. Qui contrôle la production agricole algérienne? Existe-t-il un observatoire indépendant, composé d'hommes et membres de la société civile? Qui surveille et examine la qualité de tout ce que les consommateurs achètent? A défaut de réponse, ces questions reviennent comme un leitmotiv dans les déclarations des spécialistes.