Indéniablement, semences, fertilisants et engrais de bonne qualité sont primordiaux pour toute production agricole. L'agriculteur ne peut s'en passer et, à défaut, n'aura d'autre choix que de s'approvisionner à prix fort, cela à condition qu'il soit en mesure de réunir les sommes d'argent nécessaires. Et quand ce n'est pas le cas ? Il ne lui restera plus que deux solutions : se résigner à laisser son périmètre arable en jachère ou ne pas se conformer aux doses recommandées (kilogramme d'épandage à l'hectare). La première éventualité a peu de chance de se concrétiser : il ne saurait être question pour l'agriculteur de rester les bras croisés. Autant donc assurer une culture avec les moyens du bord. Autrement dit, adopter la deuxième solution avec toutes les conséquences induites. Que peut-on dès lors espérer comme niveau de récolte avec des semences de piètre qualité ou un dosage en deçà des quantités requises, tant en semences qu'en engrais azotés, sinon une récolte de mauvaise qualité avec des rendements insignifiants qui n'assurent même pas le remboursement des frais engagés ? Cherté des semences et des intrants Il est à noter par ailleurs, comme l'attestent de nombreux agronomes, que les agriculteurs utilisent de moins en moins de fertilisants et font également dans la restriction en matière de semences plantées par hectare. Toutes ces pratiques, ou manque en matière de conduite de culture, s'expliquent par le fait du très fort renchérissement des prix des engrais et semences. Qu'on en juge : depuis 1987, les prix des engrais ne cessent d'augmenter. Par exemple, le NPK (intrant le plus usité) a connu une ascension vertigineuse de son prix et ne cesse de grimper : en dix ans, il a été multiplié par vingt. Au fil des années, cette augmentation s'est vite traduite sur le terrain. Une régression dans l'utilisation des engrais minéraux s'est installée à telle enseigne qu'elle est devenue banale alors que, comparativement aux années 1970, l'utilisation des engrais s'était répandue si l'on s'en souvient à la faveur de l'entrée en production des complexes d'engrais phosphatés de Annaba et azotés d' Arzew, des initiatives financières (prix subventionnés) prises par les autorités de l'époque et des programmes de vulgarisation initiés par les instituts techniques spécialisés. Depuis peu, il ne reste plus rien de cette batterie de mesures. Les engrais sont cédés à leurs prix réels et les instituts concernés ont perdu de leur mission principale. Du coup, une forte diminution en matière d'utilisation d'intrants nécessaires est observée et s'est poursuivie inexorablement. A titre de comparaison, on est loin des 600 000 tonnes d'engrais consommés par le secteur de l'agriculture en 1986 puisque les statistiques parlent de 150 000 tonnes ces dernières années. Et si paradoxal que cela puisse paraître, si, d'une part, la consommation d'engrais a régressé, d'autre part, de nouveaux périmètres agricoles ont vu le jour. Ce qui démontre effectivement une nette diminution de l'utilisation de fertilisants, nécessaires à la bonne conduite des cultures. En ce qui concerne les prix des semences, ils ont connu eux aussi des augmentations du fait que pratiquement toutes les graines sont importées et n'ont donc pas été exemptées de taxes, à l'exemple de la TVA imposée aux importateurs, alors que pour les agriculteurs, celle-ci (TVA, ndlr) ne devrait pas exister ou, du moins, être fortement réduite. Les gens de la terre arguent par-là que c'est avant tout un moyen de production. A titre d'indication, au cours de la période allant de janvier 2007 à avril 2008, les prix des engrais ont augmenté à un rythme plus élevé que les prix des produits alimentaires. Devant la cherté de la semence de qualité, beaucoup d'agriculteurs n'ont pas hésité à se rabattre sur les germes, moins chers, aidés certes par des importateurs peu scrupuleux qui continuent d'importer des produits phytosanitaires sains mais aux performances très inférieures. C'est dire aussi que toute une kyrielle d'individus s'est improvisée importatrice de produits phytosanitaire et dérivés sans pour autant avoir un minimum de connaissances du domaine. Un critère vite mis de côté, car seul le volet gain financier à tirer d'une telle activité importe chez bon nombre de ces importateurs. Heureusement que dans le créneau il existe de véritables professionnels qui agissent ainsi puisqu'ils prodiguent à leurs clients tous les conseils nécessaires en vue d'une utilisation de leurs produits et par là même arriver à optimiser le rendement à l'hectare. Les importateurs éprouvent des difficultés à écouler leurs produits Les professionnels de l'importation de produits phytosanitaires se trouvent désemparés devant les faibles chiffres d'affaires qu'ils enregistrent ces derniers temps, ce qui ne les empêche pas de croire encore en l'avenir de leur activité. Néanmoins, ils se disent «frustrés» par le manque de motivation des agriculteurs à les solliciter. Une catégorie de ces professionnels a d'ailleurs formulé des doléances au ministre de l'Agriculture et du Développement rural, au cours d'une conférence débat organisée lors de la tenue du dernier salon de l'agriculture. Le ministre, qui s'est dit étonné de la nature des doléances qui lui ont été adressées, dira aux professionnels de la semence et des intrants agricoles : «C'est à vous de vous imposer sur le terrain de et faire connaître votre activité.» «Nous ne pouvons en aucune manière vous encourager dans votre activité si ce n'est sensibiliser nos agriculteurs sur l'intérêt de l'utilisation d'intrants et d'aller chercher la meilleure semence.» Il est à noter également que les agriculteurs ne trouvent pas sur le marché les semences en quantité suffisante et c'est aussi le cas pour les engrais. Cette indisponibilité de produits nécessaires à leur activité les lèse énormément car toute une campagne peut être compromise faute de disposer de ces facteurs de production indispensables. Ajoutez à cela les consignes de sécurité imposées par les pouvoirs publics, rendant encore plus rares les engrais ou livrés en très faible quantité, obligeant ainsi les agriculteurs à tricher sur le poids à épandre. Cela dit, au niveau du ministère on a constaté que l'offre en matière de semences et d'engrais est devenue très inférieure aux besoins ou en rapport avec la superficie totale des terres emblavées à la veille de chaque campagne. Devant ce déficit, l'alternative de l'importation n'est pas en soi une solution. Peut -être à court terme, car à long terme il faudra bien se libérer de cette dépendance. Dans cette perspective de ne plus dépendre de l'importation, les pouvoirs publics ont décidé d'inscrire sur la liste des secteurs d'activité à encourager la production de semences et de plants ainsi que celle des semences animales et d'embryons. Soutien de l'Etat à l'investissement dans la production phytosanitaire et de semences animales La dernière réunion du Conseil national de l'investissement (CNI) a entériné la décision du gouvernement de rendre éligibles au régime des avantages de la convention les investissements de production de semences et de plants ainsi que celle de semences animales et d'embryons. Dans ce cadre, des opérateurs ont pris les devants puisque des projets dans ce créneau sont en cours de réalisation. Avec une telle volonté de parvenir au plus vite à une autosuffisance en matière en semences, en engrais et en plants, il faut croire que les rendements vont s'améliorer et que la qualité des produits agricoles sera en net progrès. Il y va de notre sécurité alimentaire et même de sortir de cette situation de pays mono- exportateurs. Développer nos exportations de produits, tel est l'enjeu futur. Z. A. Techniques de production de semences Un laboratoire national pour l'amélioration des techniques de production de semences de pomme de terre, situé à Sebaïne, à 35 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tiaret, va bientôt entrer en service. Ce projet, financé à hauteur de 1,8 million de dollars par la Corée du Sud et 100 millions de dinars par l'Algérie, connaît une appréciable progression. Selon le directeur de ce centre, le taux d'importation de la semence de pomme de terre diminuera de 40%. A propos de son coût, qui est de 6 000 DA le quintal, les agriculteurs estiment qu'il est cher et sollicitent des remises, chose à laquelle s'est catégoriquement opposé le ministre. «La semence est sacrée, elle ne doit en aucun cas être rabaissée au niveau du produit destiné à la consommation», a affirmé le responsable du centre. Z. A. Une unité de production de semences de pommes de terre à Bouira Cette unité de production in vitro de semences de pommes de terre, qui sera implantée près de la localité d'El Esnam (wilaya de Bouira) et intègre aussi une aire de stockage à froid de 20 ha, sera construite en partenariat entre le groupe agroalimentaire Cevital et la ferme «Bouchaarine» sise à El Esnam. Selon des responsables de la ferme, la production de semences pourrait s'élargir à d'autres variétés de légumes. L'intérêt d'un tel projet réside aussi dans le fait qu'il va créer des centaines d'emplois. Z. A.