Des arrestations et des blessés sont enregistrés un peu partout à travers la wilaya... Comme une tache d'huile, la violence a pris des proportions graves. Juste après la prière du vendredi, les informations qui parvenaient des différents coins de la wilaya faisaient état d'affrontements entre les émeutiers et les forces de l'ordre. Depuis Lakhdaria jusqu'à Chorfa et de Bouira jusqu'à la limite avec la wilaya de Médéa, la situation était identique. Blocage de routes, barricades, pneus en feu, échanges de jets de pierre...Au sud de la wilaya, un groupe de jeunes a fermé le CW 128 au niveau de la localité d'El Hachimia. Bir Ghbalou, à l'extrême ouest de la wilaya, les manifestants ont obstrué les différents accès vers la ville pour s'adonner à des actes de sabotage et de saccage. On dénombre des blessés des deux côtés et du responsable de la Sûreté de daïra. Le siège de l'APC est la première destination des émeutiers qui, en quelques minutes, ont mis à sac les locaux. A Aïn Bessem, les scènes sont identiques et c'est le siège de l'APC qui sera la première cible. La subdivision des travaux publics et la poste sont attaquées. Dans leur riposte, les forces antiémeute bombardent la ville de grenades lacrymogènes dont les effets sont ressentis à l'intérieur des maisons. Depuis Lakhdaria, une information parle de l'incendie de deux bus et de la fermeture de la RN5. A l'est aussi, l'embrasement s'est généralisé. Au village Thameur, 10 km du chef-lieu de wilaya, des jeunes ont bloqué la route pour tenter de soutirer de l'argent aux usagers. Bouira-ville ne restera pas en marge de cette vague de violence. Des barricades sont dressées dans la totalité des quartiers. C'est le quartier populaire des 140 Logts qui annoncera la couleur pour être suivi par les jeunes de Château d'eau, Draâ El Bordj, de Ouled Bouchia, Ras Bouira...les affrontements les plus violents seront signalés à la cité des 1100 Logts. Après avoir attaqué pour la seconde fois, en 24 heures, la direction de l'Opgi, les émeutiers se sont dirigés au centre payeur des chèques postaux pour le saccager et piller le matériel informatique. Un autre groupe tente d'accéder au siège de la daïra. Les CRS interviennent et bombardent les quartiers alentours de grenades lacrymogènes. Les fumées qui envahissent les domiciles sèment la panique chez les habitants qui sortent pour contester contre cette façon de faire. On signale aussi l'attaque du siège de la daïra, du siège de l'APC, du dépôt Cevital, de l'agence Djezzy, l'annexe Opgi, l'annexe de l'état civil et de l'agence postale de la cité 140 Logts, le siège APS...A 21h et après la prière d'El Icha, les affrontements doublent de violence et toute la ville est couverte d'un épais nuage de fumée qui était visible à des kilomètres à la ronde. Les détonations des tirs de lacrymogène s'entendaient à une heure tardive, signe que les affrontements continuaient. On a appris aussi que plusieurs jeunes auraient été arrêtés par les forces de police. Pour tenter de calmer les esprits et gérer la situation, une cellule de crise présidée par le wali était en réunion non-stop. La violence tend à se généraliser, gagne du terrain, puisqu'on parle d'affrontements dans des villages enclavés qui n'ont jamais connu de perturbations avant ces deux derniers jours. Même les appels au calme et à la raison lancés depuis les mosquées sont restés vains devant la détermination des émeutiers de tout casser sur leur passage. Au deuxième jour des émeutes, le bilan s'alourdit. Plusieurs édifices publics sont visés par des jeunes survoltés. Des arrestations et des blessés sont enregistrés un peu partout à travers la wilaya. Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs tentatives pour fermer les routes sont signalées à l'est de la wilaya. Des informations à prendre avec des pincettes font état de tractations menées par le MAK et une organisation estudiantine proche de la mouvance islamique pour récupérer le mouvement dans les milieux universitaires. Le retour des élèves aujourd'hui en classe après le repos du week-end est appréhendé par les parents dont l'association de wilaya lance des appels au calme.