L'obligation de payer par chèque les transactions commerciales supérieures à 500.000 dinars entrera en vigueur le 31 mars 2011. A peine une baisse des prix de l'huile et du sucre est-elle annoncée par le gouvernement à travers des mesures techniques, qu'une autre flambée se profile à l'horizon. Les économistes et les patrons préviennent d'ores et déjà d'une nouvelle augmentation de tous les produits de large consommation dès le mois d'avril prochain. Ces augmentations risquent, par ricochet, d'embraser de nouveau le front social. «Une augmentation des prix des produits n'est pas exclue et elle peut intervenir à tout moment puisque c'est la tendance internationale qui détermine les prix pratiqués sur le marché national», a déclaré, hier, un patron qui a préféré garder l'anonymat. Selon des économistes qui se sont confiés au journal électronique Toutsurlalgérie (TSA), l'obligation de payer par chèque les transactions commerciales supérieures à 500.000 dinars à partir du 31 mars 2011, conduira inévitablement à une hausse générale des prix et le sucre et l'huile ne seront pas les seuls concernés. «Les prix de tous les produits vont augmenter. Il n'y a aucun doute», affirme un économiste, ajoutant que les hausses vont être brutales, atteignant les 20%. Ce spécialiste a expliqué que tant que l'Etat ne procède pas au plafonnement des prix, les spéculateurs peuvent sévir à tout moment et le marché peut flamber comme il peut afficher des baisses sans préavis aucun. Pour ce faire, il suggère que l'Etat qui soutient actuellement le prix du lait et du pain crée un fonds de soutien aux produits de large consommation pour garantir une stabilité des prix, et par là, une paix sociale. «Ce mécanisme permettra de juguler les hausses faramineuses des prix sur le marché international en puisant dans le fonds pour maintenir inchangés les prix sur le marché national», a-t-il expliqué. Il illustre ses propos en donnant cet exemple: «Si l'Etat plafonne le prix du sucre à 50 dinars et qu'à côté il y a un fonds de soutien qui sera alimenté par l'argent du contribuable et du pétrole, cela permet de combler toute augmentation au niveau international. Il suffira juste que l'Etat mette la main à la poche». D'autres économistes qui se sont confiés à TSA prévoient également une hausse générale des prix à partir du mois d'avril prochain. Mais comment et pourquoi les prix vont-ils augmenter? Selon les économistes, les grossistes qui seront obligés à partir du mois d'avril prochain de payer par chèque les factures de plus de 500.000 dinars vont intégrer tous les éléments inhérents à cette mesure dans les prix. Actuellement, les grossistes ne facturent pas la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) qui représentent un total de 19%, ils ne paient pas plus les charges sociales, ni ne déclarent la totalité de leurs employés et trichent sur les salaires. De ce fait, l'entrée en vigueur de l'obligation de paiement par chèque et de facturation à partir du 31 mars va obliger les grossistes à intégrer tous ces éléments dans les prix. C'est ce qui explique d'ailleurs les dernières augmentations des prix de l'huile et du sucre. Pour se préparer à la nouvelle loi, les grossistes ont augmenté les prix du sucre, de la farine et de l'huile, en facturant la TVA et la TAP aux demi-grossistes qui, à leur tour, ont comptabilisé ces deux taxes aux détaillants. Cela a engendré la flambée des prix parce que la TVA et la TAP sont supportées par le consommateur final qui est le simple citoyen. Selon TSA, les commerçants facturent la TVA aux clients qui exigent une facture pour leurs achats. En effet, en échange du document, le commerçant applique la TVA. Exemple: dans les boutiques de matériel informatique, une imprimante est vendue 10.000 DA sans facture, mais 12.000 DA avec facture. Actuellement, seules les entreprises exigent une facture car elles récupèrent la TVA. Mais avec les nouvelles lois, la facturation de la TVA devient obligatoire pour tout le monde, y compris les particuliers. L'exemple de l'imprimante s'applique à tous les autres produits, hormis les articles vendus dans les rares magasins qui pratiquent déjà la facturation. Les commerçants vont également revoir leur prix à la hausse s'ils sont obligés de déclarer la totalité de leur personnel à la Sécurité sociale. «Les charges sociales représentent 9% du salaire d'un employé. Elles seront répercutées sur le prix de vente et supportées par le consommateur final», explique un économiste à TSA. Cela explique le caractère superficiel des mesures prises par le gouvernement pour faire baisser les prix. Commentant ces mesures, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avait estimé qu'elles n'auront aucun effet sur la baisse des prix.