Si les avocats ne peuvent plus défendre leur corporation, ils ne seront plus en mesure de défendre la loi et le citoyen. Une conférence de presse des avocats du bâtonnat, opposés aux prochaines élections, prévue au Palais de justice de Constantine, a, finalement, été animée dans les locaux de l'un de ces derniers du fait que la presse a été interdite d'accès au Palais de justice. Après un aperçu général sur les problèmes qui caractérisent la corporation et, notamment les arguments qui ont poussé au moins 17 robes noires à retirer leurs candidatures comme rapporté dans notre édition de jeudi, les opposants ont décidé de boycotter le scrutin en tentant de bloquer le déroulement des élections prévues aujourd'hui même. Comme ultime recours, ils vont saisir le Conseil d'Etat pour annuler les élections. Lors de cette conférence, c'est Maître Boubendir, membre du bâtonnat qui prit la parole pour expliquer le caractère non-réglementaire de ces élections, tant sur le plan de l'éthique que sur celui de la législation dont nous avons fait état jeudi dernier. Dans cet ordre d'idées, il regrettera le comportement de deux avocats qui avaient décidé de revenir sur leur décision relativement au boycott du scrutin, malgré le fait, comme le prouvent les documents que nous avons pu consulter, que ceux-là mêmes avaient adressé une correspondance à la commission des élections concernant leur retrait. Ensuite, ce fut le tour de Maître Mimoun Med El Arbi, trésorier du bâtonnat, de prendre la parole pour parler des lettres anonymes outrageantes, comportant des diffamations et des insultes à l'encontre de la corporation, adressées au bâtonnat et qui n'ont pas été traitées comme il se devait selon le règlement intérieur des avocats et où il est indiqué que le bâtonnier est obligatoirement chargé de prendre des mesures pour défendre la réputation de la corporation. Le bâtonnier mis en cause dans cette affaire qui prend de l'ampleur, à la tête du bâtonnat depuis 24 ans, semble indésirable par l'ensemble de la corporation et aurait agi sans prendre en considération les dispositions réglementaires prévues à cet effet. Pour sa part, Maître Rhiou Abd El Hamid insista sur le fait que si les avocats ne peuvent plus défendre leur corporation, ils ne seront plus en mesure de défendre la loi et le citoyen. Maître Boussaha enchaîna avec la situation de déséquilibre qui caractérise ces élections en dernier, donnant le nombre des candidats restants après leur retrait, soulignant que les électeurs n'auront pas de grand choix, car pour 22 postes, il n'y a que 24 candidats après le retrait des 17, au lieu de 44 au moins. En fait, cela ne répond plus aux principes des élections et les électeurs vont forcément voter pour une liste presque imposée. Finalement, c'est Maître Naghouache d'intervenir à son tour pour parler de fraude, soulignant que ces élections sont tout simplement une mascarade et expliquer sans gêne, que le bâtonnier use de procurations pour augmenter les voix en sa faveur et dresse tout un tableau pour rendre plus clair le déroulement de la fraude depuis des années. L'ensemble des avocats ont témoigné que le bâtonnier avait déclaré la non-reconduite de sa candidature, mais quelques jours seulement avant les élections qui doivent se tenir chaque trois ans après l'annonce de l'ouverture de l'année judiciaire par le président de la République, il est revenu sur sa décision sous prétexte qu'il a été sollicité. Un autre fait a été relevé par les opposants, c'est celui relatif à une liste de candidats imposés. Rien ne va plus chez les magistrats et une copie d'un communiqué dénonçant ces pratiques et ces passe-droits, a été adressée au ministre de la Justice. Informés que le bâtonnier était présent hier au Palais de justice, nous avons tenté de lui parler pour connaître sa version des faits, mais l'accès nous a été interdit.