Dans la suite d'une visite infructueuse début janvier, la mission de l'envoyé de l'UA paraît en l'état quasi impossible pour trouver une solution pacifique à la grave crise née de la présidentielle du 28 novembre. Le médiateur de l'Union africaine pour la crise ivoirienne, le Premier ministre kenyan Raila Odinga, était attendu hier à Abidjan où le camp d'Alassane Ouattara a appelé à une opération «pays mort» à partir d'aujourd'hui jusqu'au départ du pouvoir de son rival Laurent Gbagbo. M.Odinga devait arriver dans l'après-midi, après s'être entretenu dimanche soir à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, avec le chef d'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays). Aucun détail n'a été communiqué sur la teneur de leur entretien. Le Premier ministre kenyan sera accompagné par le président de la commission de la Cédéao, James Victor Gbeho, et l'ancien ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC) Bizima Karaha, selon le porte-parole de M.Odinga, Dennis Onyango. Dans la suite d'une visite infructueuse début janvier, la mission de M.Odinga paraît, en l'état, quasi impossible pour trouver une solution pacifique à la grave crise née de la présidentielle du 28 novembre. Selon le dernier bilan de l'ONU, les violences ont fait 247 morts depuis la mi-décembre. Le médiateur doit rencontrer le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir malgré la pression internationale, et son rival Alassane Ouattara, dont l'élection certifiée par l'ONU a été proclamée par la Commission électorale. Le Conseil constitutionnel a ensuite proclamé l'élection de M.Gbagbo. Un retour de M.Odinga au Nigeria après sa mission à Abidjan «dépendra de ce qu'il découvrira sur le terrain. Alors cela peut être aujourd'hui comme une autre fois», a déclaré M.Onyango. Son séjour à Abidjan pourrait durer «quelques jours», a indiqué une source diplomatique africaine. Toujours retranché au Golf hôtel d'Abidjan soumis à un blocus des forces armées loyales à son adversaire, M.Ouattara a paru la semaine dernière faire son deuil de la diplomatie en appelant à déloger M.Gbagbo du palais présidentiel par la force. Le sortant est menacé d'une opération militaire de la Cédéao, actuellement en préparation, s'il continue de refuser de céder le pouvoir. Raila Odinga a toutefois réitéré, récemment, sa volonté de trouver une issue pacifique à la crise et de considérer cette option militaire comme une solution de «dernier recours», même si les chefs d'état-major de la Cédéao doivent se réunir cette semaine à Bamako à ce sujet. Le médiateur juge aussi que la crise ivoirienne est un enjeu pour toute l'Afrique. «Toute perte de confiance dans le changement de pouvoir par les urnes n'augurera rien de bon pour le continent qui pourrait retourner vers l'âge sombre des coups d'Etat militaires», a-t-il averti dimanche. Depuis la présidentielle, les médiations africaines se sont succédé sans résultats à Abidjan où ont défilé notamment, le président de la commission de l'UA Jean Ping, M.Odinga avec trois présidents ouest-africains mandatés par la Cédéao, et récemment l'ex-chef d'Etat nigérian Olusegun Obasanjo. La nouvelle médiation intervient alors que les pro-Ouattara ont appelé à une opération «pays mort» à compter d'aujourd'hui jusqu'au départ du pouvoir de M.Gbagbo. Ils avaient lancé un appel identique fin décembre, qui avait été peu suivi, tout comme un autre «à la désobéissance» au gouvernement Gbagbo lancé le 21 décembre. «Cela ressemble un peu à l'appel à la désobéissance qui n'a rien donné du tout. Je ne crois pas du tout à de tels mots d'ordre», a déclaré hier le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello.