Le médiateur de l'Union africaine (UA) pour la crise ivoirienne, le Premier ministre kenyan Raila Odinga, se rendra pour la deuxième fois en Côte d'Ivoire «jeudi ou vendredi», a annoncé hier son porte-parole. «Le Premier ministre a indiqué qu'il retournera en Côte d'Ivoire cette semaine. La date de ce retour sera soit jeudi, soit vendredi», a déclaré Dennis Onyango. «Il s'entretiendra d'abord avec le président de la commission de l'UA Jean Ping aujourd'hui à Nairobi, avant de partir pour la Côte d'Ivoire», a-t-il ajouté. M.Odinga s'était rendu une première fois à Abidjan début janvier où il avait rencontré, avec trois chefs d'Etat mandatés par la sous-région, MM.Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. A l'issue de la présidentielle du 28 novembre, M.Ouattara a été reconnu comme chef de l'Etat légitime par la quasi-totalité de la communauté internationale. Le président sortant Laurent Gbagbo refuse depuis de quitter le pouvoir, s'estimant le vainqueur légitime de l'élection. Il est sous la menace d'une opération militaire, actuellement en préparation au niveau de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). A son retour de mission, M.Odinga avait annoncé que M.Gbagbo bénéficierait d'une amnistie s'il quittait le pouvoir pacifiquement. Le Premier ministre kenyan s'est à plusieurs reprises élevé contre la possibilité de mettre en place un gouvernement de coalition en Côte d'Ivoire pour sortir de la crise, estimant que cela reviendrait à «un viol de la démocratie». Lui-même a été nommé Premier ministre d'un gouvernement de coalition après avoir contesté la réélection de son rival Mwai Kibaki à l'élection présidentielle du 27 décembre 2007, qui avait été suivie de violences meurtrières. Cette deuxième visite de M.Odinga intervient après celle, très discrète, de l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo qui a quitté Abidjan lundi au terme de deux jours de visite. Selon une source diplomatique africaine, Obasanjo a été envoyé en «mission exploratoire» par le président en exercice de la Cédéao, le chef d'Etat nigérian Goodluck Jonathan. L'ex-dirigeant du Nigeria a expliqué à M.Gbagbo «le caractère inéluctable de l'alternance» au sommet de l'Etat ivoirien et exprimé à M.Ouattara «le soutien fort de la communauté internationale», a affirmé l'une de ces sources. Au plan interne, le camp de Laurent Gbagbo a rejeté hier tout gouvernement d'union avec son rival Alassane Ouattara comme président ivoirien, un compromis proposé par l'ambassadeur de M.Ouattara à l'ONU. «C'est de la diversion», a déclaré Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), parti de M.Gbagbo. «Ce qui est non négociable, c'est la victoire de Laurent Gbagbo, officiellement élu et proclamé, qui gouverne le pays» à l'issue de la présidentielle contestée du 28 novembre, a lancé M.Affi. Dans un entretien lundi à la radio britannique BBC, Youssoufou Bamba, ambassadeur de M.Ouattara aux Nations unies, a affirmé que ce dernier proposait de former un «large gouvernement d'union» avec les partisans de M.Gbagbo si son rival renonce à la présidence.