Xavier Driencourt, l'ambassadeur de France à Alger, a été auditionné à huis clos, le 18 janvier dernier, à Paris. La commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale (française) a décidé d'auditionner les ambassadeurs de France en Algérie et en Tunisie, a indiqué son président Axel Poniatowski (UMP). «J'ai pris cette décision au regard des événements qui se déroulent en Tunisie et en Algérie et afin d'en mesurer au mieux les enjeux», a-t-il déclaré dans un communiqué. C'est ainsi que Xavier Driencourt, l'ambassadeur de France à Alger, a été auditionné à huis clos, le 18 janvier dernier, par cette commission. L'information a été reprise hier, par le journal one line AlgériePlus précisant que le diplomate français a été interrogé sur la situation dans le pays à la suite des émeutes du début du mois. De violentes émeutes ont éclaté, début janvier, dans plusieurs wilayas du pays ayant causé la mort de cinq personnes, et blessé des dizaines et de nombreux dégâts matériels. En convoquant son ambassadeur à l'Assemblée nationale, la France cherche-t-elle à rectifier une mauvaise appréciation sur Algérie? Les liens culturels et historiques sont si profonds et si forts qu'ils ne se suffisent pas de simples appréciations. Du reste, les observateurs y voient dans cette démarche un cynisme politique qui ne dit pas son nom. La France, qui s'est complètement plantée dans son analyse de la situation en Tunisie, tente d'anticiper sur la situation en Algérie pour ne pas rééditer les mêmes bévues diplomatiques. En quelques semaines, la diplomatie française a commis au moins trois faux pas et ça en fait un peu trop pour Michèle Alliot-Marie fraîchement nommée au Quai d'Orsay. Tout a commencé en décembre dernier lors d'un entretien, à Paris, entre Mme Alliot-Marie et son homologue marocain. Sans contrainte aucune, la ministre française s'est crue obligée de rappeler «l'appui fort de la France à l'initiative marocaine d'autonomie». Elle venait de replonger dans le coma les relations algéro-françaises que de nombreux observateurs voyaient frémir avec le départ de Bernard Kouchner du Quai d'Orsay. Vint ensuite cette bévue tunisienne. Aux pires moments de la «Révolution de Jasmin» en Tunisie et des émeutes en Algérie, la France s'est invitée d'une drôle de manière. Oubliant son statut de terre des droits de l'homme et de pays de la démocratie, elle a tout bonnement proposé ses services de répression des émeutes. «Le savoir-faire, reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays de permettre dans le cadre de nos coopérations d'agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité», a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie. Après avoir cautionné le régime Ben Ali, cette déclaration a mis la France officielle dans un grand embarras non sans essuyer les tirs croisés de la presse internationale. «Entre le silence en Tunisie et l'appel à Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir en Côte d'Ivoire, la politique étrangère française est-elle basée sur les deux poids, deux mesures?» se sont interrogés le Guardian anglais et le Temps suisse. «Etant donné leur habitude à répondre rapidement aux injustices des régimes oppresseurs, la discrétion des représentants français en réaction à l'escalade de la violence en Tunisie, frappe certains observateurs comme étant en effet curieuse», a noté pour sa part l'hebdomadaire américain Times. Au moment où la situation se stabilise, Michèle Alliot-Marie remet ça pour donner un coup de grâce à la politique arabe de la France. Cette fois-ci, ce sont les territoires occupés. Vendredi dernier, les manifestants palestiniens ont carrément pris à partie la chef de la diplomatie française sur laquelle ils ont jeté des chaussures. La diplomate française a été huée lors du passage du convoi ministériel à Ghaza. Les manifestants dénonçaient des propos «attribués à tort» par une radio israélienne à Mme Alliot-Marie. Selon ce média, la ministre française aurait affirmé que «détenir un otage sans le laisser rencontrer des représentants de la Croix-Rouge, c'est un crime de guerre». Selon la version officielle, ces propos auraient été tenus par le père du soldat israélo-français enlevé Gilad Shalit, Noam Shalit.