Prévue hier à partir de 11 heures, la marche initiée par le parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a été empêchée par les forces de police. L'important et impressionnant dispositif sécuritaire qui a été mis en place le vendredi et renforcé le samedi a finalement pu faire avorter la marche pacifique initiée par le parti de Saïd Sadi. De Tizi Ouzou, de Bouira, de Béjaïa ainsi que d'autres régions, des centaines de militants se sont déplacés à Alger pour participer à cette manifestation. Peine perdue. Confrontés à des milliers d'agents de sécurité, déployés dans tous les quartiers du centre-ville, ils n'ont pas pu marcher. «Djazair houra dimocratia (Algérie libre démocratique)», tonnent des militants qui essayaient de forcer le cordon de sécurité devant le siège du bureau régional du parti. «On est tous concernés, on n' a pas besoin de spectateurs», reprend un autre militant muni d'un haut-parleur. Malgré la prudence et la vigilance des uns et des autres, de violents heurts se sont produits à l'entrée de la bâtisse, sis rue Didouche Mourad. Une source policière a indiqué à l'APS que lors de l'intervention des forces de l'ordre, 7 policiers ont été blessés, dont deux se trouvent dans un état grave. De l'autre côté, il y aurait eu 42 blessés parmi les manifestants, selon le président du RCD, Saïd Sadi. D'autres ont été arrêtés, parmi eux le député Arezki Aider. «J'étais dans la foule, je leur ai présenté ma carte mais ils m'ont embarqué quand même», révèle-t-il quelque temps après sa libération. «Pourquoi dois-je faire le tour, j'habite juste à côté», insiste une femme en s'adressant à un policier. «C'est interdit, on fait notre travail», lui répond-il. Didouche Mourad a été bouclée des heures durant. La présence imposante des forces de l'ordre tout au long de cet axe faisait monter la tension. A la place du 1er-Mai, où devait s'ébranler la marche jusqu'au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), les gens assistaient presque au même tableau. Des dizaines de fourgons de police étaient présents. En prévention d'un éventuel débordement, la Protection civile a été également dépêchée sur les lieux. Dans le centre-ville ainsi que dans d'autres quartiers d'Alger, plusieurs barrages ont été dressés. «Même pendant les émeutes, il n'y avait pas autant de policiers», s'étonne une quinquagénaire qui nous demande d'être vigilants. «On dirait que la capitale est en état de siège», lance un jeune homme à son copain. Pourtant, il s'agissait bien d'une manifestation pacifique. Annoncée il y a quelques jours par le RCD, cette marche avait, entre autres, pour objectif d'appeler à la libération des détenus. De très jeunes personnes, en majorité, arrêtées lors des dernières émeutes qui ont secoué l'Algérie. La demande d'autorisation que le parti avait introduite auprès du ministère de l'Intérieur avait été refusée. La wilaya d'Alger avait pris le soin de mettre en garde les citoyens contre cette marche dans un communiqué rendu public jeudi soir. «Il est demandé aux citoyens de faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d'éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité», y lisait-on. Au lendemain des violentes manifestations qui ont éclaté dans plusieurs régions du pays, plusieurs responsables de l'Exécutif dont le premier responsable du département de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui s'est exprimé dans un discours, avaient exhorté les citoyens à manifester pacifiquement.