«Tu peux tout nous faire faire, tu as l'argent». Est-ce que c'est comme ça que ça marche dans notre société? L'Office national de la culture et de l'information dans le cadre de ses activités culturelles et artistiques, a programmé, dimanche dernier en soirée à la salle El-Mougar, la pièce théâtrale El-Ahlam El-Kadira. C'est la toute dernière production du Théâtre régional de Annaba Azzedine-Medjoubi. Un théâtre qui, depuis quelques années, nous a habitués à voir à travers ses personnages et ses textes, notre réalité sociale et ce, avec humour. El-Ahlam El-Kadira est une pièce écrite par Hamid Gouri, mise en scène par Kamel Kerbouze et interprétée par Rym Hamida, Radia Arif, Abdelhak Ben Marouf, Toufik Mimiche, Kamel Rouini, Souilah Hocine et Hamid Gouri. Bien que le texte ne soit pas très structuré, il traite de la cupidité des gens sur un style humoristique. La gaieté et l'interprétation très naturelles des comédiens qui nous ont retracé notre environnement social, sur le ton de la comédie, ont fait que l'ensemble des spectateurs est reparti heureux d'avoir passé ces deux heures de temps, en compagnie de ces comédiens jeunes et dynamiques. Il s'agit d'une famille ordinaire et modeste qui souffre de problèmes sociaux. Les garçons sont de jeunes chômeurs qui ne sortent presque jamais de la maison: Pockémon ou Play -Boy, le surnom du plus jeune d'entre eux, un garçon qui adore s'habiller en dépensant l'argent de sa soeur. Il n'arrête pas de crier «gloire, fortune, pouvoir», l'idéal dont il rêve mais ne fait rien pour l'avoir. En plus de Inchtine, surnommé ainsi parce qu'il sait lire et écrire. Il y a aussi la fille, Tourkia, fiancée depuis 10 ans, et qui travaille durement, avec son fiancé pour avoir une petite «maison». Et, bien sûr, les parents. A la maison ils se disputent et s'insultent, allant jusqu'à se battre. Mais voilà qu'un coup de fil va bouleverser cette vie, «stable» en quelque sorte. L'oncle, censé être mort depuis déjà 25 ans, ressurgit de nulle part et affirme qu'il est bel et bien vivant, et que durant toutes ces années il était aux USA et qu'entre-temps, il s' était enrichi. Tout le monde se prépare à l'accueillir, ils arrangent la maison, changent leur façon de s'habiller, ils iront même jusqu'à changer leur manière de parler et de marcher. L'oncle arrive et affirme: «Je suis mourant», alors la fameuse mallette est pour qui?. Tout le monde la convoite: les garçons, la fille, le fiancé, la maman, et même le frère. Ils la veulent tous. Elle contient, selon l'oncle qui se fait appeler à présent Si Mahraja, «250 millions de dollars». Il va les malmener, les ridiculiser, les diminuer, il va tout faire pour les réduire et les détruire. «Tu peux tout nous faire faire, tu as l'argent», dira le grand frère. A la fin de la pièce, la mallette s'ouvre. Il y a quoi dedans? Le choc: des médicaments pour détraqués mentaux. Et oui ! l'oncle est un fou. C'est ce fou qui dit à un moment donné dans la pièce: «Je suis parti parce que j'en avais marre , mais j'ai toujours espéré qu'à mon retour, je trouverai une nouvelle génération qui saurait comment faire et que faire pour améliorer nos vies. Mais vous, comment devrais-je vous présenter?» . Mais c'est ce même fou qui a fait vendre sa maison au père de famille et l'a endetté jusqu'au cou, pour qu'à la fin il devienne fou à son tour. Un fou qui a su détruire une famille, une maison. Cette pièce est-elle le reflet de notre société d'aujourd'hui? Ce qui est certain : elle nous fait réfléchir.