C'est une première démarche des pouvoirs publics pour mettre fin à la situation de monopole qui marque ce produit. Le groupe privé algérien La Belle et Cristal union, deuxième opérateur français sur le marché du sucre, vont construire une raffinerie de sucre d'une capacité de 350.000 tonnes par an pour un investissement de 70 millions d'euros, a indiqué samedi le groupe algérien. Cette raffinerie implantée à Ouled Moussa dans la région de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger), nécessitera un investissement de 7 milliards de dinars (70 millions d'euros environ), a précisé le groupe La Belle, spécialisé dans l'agroalimentaire. La capacité initiale de 350.000 tonnes par an de cette raffinerie «sera doublée à partir de la 4e année à travers la mise en place d'une deuxième unité», a ajouté le groupe, cité par l'agence de presse APS. Ce projet vise à «dégager, dans un premier temps, une capacité de substitution à l'importation et ensuite assurer une offre exportable et contribuer, de la sorte, à la sécurité alimentaire du pays et l'équilibre de la balance des paiements», a précisé la même source. Le Français Cristal union, qui participe à hauteur de 35% dans le projet, représente quelque 20% de la production française de betterave et a réalisé un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros en 2010. Les importations de sucre roux ont atteint 1 million de tonnes en 2010 pour un montant de 495 millions de dollars, selon les chiffres des Douanes. Il existe actuellement, quatre raffineries de sucre en Algérie: celle du groupe privé Cevital, qui détient près de 80% des parts de marché, et trois anciennes raffineries publiques produisant quelque 150.000 tonnes. La flambée des prix du sucre et de l'huile avait été à l'origine d'émeutes début janvier en Algérie, qui avaient fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le gouvernement avait alors ordonné une baisse des prix et affirmé qu'il allait continuer à subventionner les produits de base. Cette usine est un premier pas consistant à mettre fin à la situation de monopole sur cette matière première en Algérie. S'exprimant il y a quelques jours devant les députés, le ministre du Commerce a soutenu qu' «il n'y a aucune situation de monopole mais juste une situation de dominance qui n'est pas interdite par la loi», a-t-il répondu à un journaliste qui évoquait le monopole d'un opérateur privé qui détient les marchés du sucre et de l'huile. «Lorsqu'un opérateur dépasse 45% de parts de marché on parle d'une position dominante. La loi interdit par contre l'abus dans l'utilisation d'une telle situation», a-t-il expliqué. Des propos que des observateurs ont trouvé scandaleux. Même le FMI a déjugé les propos du ministre du Commerce. Le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) en Algérie, Joël Toujas-Bernaté, avait estimé mercredi que l'absence de concurrence dans la distribution alimentaire a pu contribuer à la flambée des prix en janvier. «Les autorités devraient promouvoir la concurrence dans le secteur de la distribution des produits alimentaires et éviter un comportement de potentiel monopole, qui pourrait avoir été l'un des facteurs de la récente flambée des prix», a déclaré M.Toujas-Bernaté au magazine interne de l'organisation internationale, IMF Survey, dans une contribution publiée mercredi dernier. «Mettre fin au monopole sur les produits de large consommation en Algérie». Emboîtant le pas aux experts et aux observateurs, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Tahar Kelil, y insiste. Il estime que les pouvoirs publics sont appelés à encourager l'arrivée de nouveaux opérateurs en matière de production, de commerce et de distribution des produits alimentaires de base. Le sucre et l'huile ayant connu une hausse de prix vertigineuse, constituent une urgence. L'objectif de ces décisions que le gouvernement devrait prendre, est «de mettre fin au monopole et au chômage tout en garantissant la stabilité des prix de ces produits». Le cas des monopoles sur des denrées alimentaires «détenus par une poignée de personnes en Algérie est unique au monde», a écrit Noureddine Legheliel, expert international et analyste boursier à la banque suédoise Hagströmers och Qviberg, dans une contribution publiée récemment par L'Expression. Le spécialiste trouve également «incroyable et inimaginable» que «80% du sucre importé par l'Algérie soit détenu par une seule personne». Explicite, il a rappelé que ce type de monopole est strictement interdit par les lois antitrust (les lois de la concurrence). Le ministre du Commerce n'a rien lu ni entendu de tout cela. Il lâche tout bonnement qu'il n'y a pas de situation de monopole. De quel pays parle M.Benbada?