Déterminé à marcher dans la foulée de l'action du 22 janvier dernier, le parti de Saïd Sadi a ratissé large relativement à ses dernières marches organisées à Béjaïa. «Où va l'Algérie?», «Pour un changement radical», «Levée immédiate de l'état d'urgence», «Libération sans conditions des détenus», «Dissolution de toutes les institutions élues», «Abas la répression, «Liberté d'expression», «Démocratie et justice sociale», «Dignité, justice et liberté». Ce sont là autant de slogans scandés et inscrits sur des banderoles hier lors de la marche du RCD à Béjaïa. Des slogans déployés comme des cris de détresse et de colère par des marcheurs venus par milliers de divers horizons politiques, notamment du courant démocratique. À travers une mobilisation qui s'est voulue solidaire, démocratique et revendicative, il faut dire que le RCD s'est rattrapé hier par cette imposante marche citoyenne de Béjaïa. Les contingents de marcheurs se sont ébranlés de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya. Prenant appui sur la situation sociale minée par la chute du pouvoir d'achat des salariés et le chômage qui touche une grande partie de la jeunesse notamment d'une part, et la conjoncture internationale secouée par le vent de la révolte (en Tunisie et en Egypte) d'autre part, le parti de Saïd Sadi a réussi l'une des marches les plus remarquables depuis ces dernières années. En outre, sans verser dans la guerre des chiffres entre organisateurs de ladite marche et services d'ordre de la sécurité, la marche du RCD a été une réussite à plus d'un titre et sur tous les plans. Prévue à 10h, la marche s'est ébranlée près d'une heure après pour permettre à des délégations communales de gagner l'esplanade de la Maison de la culture. Outre le RCD comme entité politique, deux organisations citoyennes, le Comité estudiantin de V'gayet et la Coordination des lycéens d'El Kseur ont pris part à la manifestation. Durant le parcours, des slogans hostiles au pouvoir ont été scandés par la foule. A l'issue de la marche et pour capitaliser une manifestation marquée par un engagement sans précédent des marcheurs, une prise de parole a été improvisée. Se succédant, tour à tour, sur la tribune, le sénateur Ikherbane, le député Derguini et les deux représentant du comité des étudiants ainsi que celui des lycéens ont exigé la libération des détenus arrêtés lors des dernières manifestations, la levée de l'état d'urgence, la restauration des libertés individuelles et collectives et la dissolution des instances élues. Cela d'une part, de l'autre, ils ont saisi cette grande opportunité pour appeler à une adhésion massive à la marche du 12 février prochain à Alger. La manifestation du RCD, qui a rassemblé une participation responsable composée de militants politiques, s'est dispersée dans le calme sans heurts ni désagréments. Un message de civisme fort du parti de Saïd Sadi à l'égard des tenants du pouvoir qui semblent effrayés par tout ce qui est lié aux manifestations de rue.